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Atatürk : le père des Turcs ou le héros de la Turquie moderne

  • Écrit par : Guillaume Chérel

AtaturkPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Ce 29 octobre dernier, Recep Tayyip Edorgan (69), qui vient de remporter pour la troisième fois la présidentielle turque, a célébré le 100e anniversaire de la République, en s’appuyant sur la dramatisation du récit national. Il a réhabilité sultans et homme forts, en omettant sciemment de rappeler les fondements de la Turquie laïque, préférant mettre en avant l’aspect militaire, religieux et autoritaire, du régime fondé par Mustafa Kemal.

Pour commémorer l’histoire de cette figure phare du pays – j’ai nommé Ataturk : le « turc-père » -, Marie Bardiaux-Vaïente et Andrea Meloni se sont appuyées sur l’historien François Georgeon, pour raconter, en BD, comment un militaire nourri de culture occidentale et d’une énergie peu commune, a permis à la Turquie d’entrer dans l’ère dite « moderne ». C’est la Grande Assemblée, de l’époque, qui l’a désigné ainsi : Atatürk (“le Turc-Père”), qui reste aujourd’hui encore la grande figure tutélaire de ce pays à la frontière entre l’Europe et le Moyen-Orient. Autant dire, au cœur d’une poudrière… C’était déjà comme ça à la période de l’entre-deux-guerres. Ça ne s’est pas arrangé avec le conflit israélo-palestinien…

Mais revenons en arrière. Le 15 octobre 1927, Mustafa Kemal, président de la République turque, entame un très long discours : le « Nutuk ». Il expose dans cette allocution, qui dure près de six journées pleines (Fidel Castro a dû s’en inspirer), son récit de la fondation de la Turquie tournée vers l’avenir ; donc l’Europe.

Après la Première Guerre mondiale, Mustafa Kemal, alors militaire de carrière, refuse le dépeçage de l’Empire ottoman, prévu par les Alliés (coucou ! Lawrence d’Arabie…) au traité de Sèvres, et mène une révolte contre le gouvernement d’Istanbul. Après sa victoire contre les Grecs à l’ouest de l’Anatolie puis l’abolition du sultanat ottoman par la Grande Assemblée nationale de Turquie, il proclame la République le 29 octobre 1923. Depuis Ankara, nouvelle capitale de la Turquie, Kemal impose alors des réformes fondamentales, basées sur l’indépendance et la laïcité, afin de bâtir une nation foncièrement homogène sur les ruines de l’Empire ottoman multiculturel.

Le résultat est remarquable. Les dessins d’Andrea Meloni sont à fois d’une grande rigueur (historique) et d’une belle finesse artistique, osons le mot. En attestaient, déjà, ses albums graphiques sur Talleyrand, Mussolini, ou Elisabeth 1e. A propos de mots, il n’y en a pas un de trop. C’est à la fois sobre et complet. Tout y est. On s’y croirait. C’est à la fois distrayant et instructif. Il faut dire qu’en plus d’être scénariste, Marie Bardiaux-Vaïente est également historienne, militante pour l’abolition universelle de la peine de mort, et féministe. Elle a également travaillé sur le Talleyrand, dessiné par Meloni, dans la collection « Ils ont fait l’histoire », publiée chez Glénat.

Atatürk
Editions : Glénat/Fayard
Auteurs :  Marie-Bardiaux-Vaïente et Andrea Meloni
56 pages
Prix : 14, 95 €

 

Chez le même éditeur, signalons l’excellent tome 1 des « Piliers de la Terre », par Didier Alcante, Steven Dupré, d’après l’œuvre de Ken Follet (nous y reviendrons, car cinq albums vont suivre…). Et « Chef Joseph », de François Corteggiani et Gabriel Andrade, sur le chef des Nez-Percés ; et « Beer Revolution », la guide de la bière en BD, par Teo Musso et Sualzo. 


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