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Neige : de l'intime à l'universel, il n'y a qu'une forêt...

  • Écrit par : Xavier Paquet

neigePar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ La forêt du Théâtre National de la Colline a tout d’un lieu qui n’inspire pas confiance : les feuilles jonchent le sol, les bouleaux sont dépouillés de leur fourrure végétale et le vent se glisse dans leurs branchages ; le tout baigne dans la pénombre. Et puis il y a ce morceau de béton, aux allures de blockhaus et qui se révèlera être une citerne où les adolescents ont plaisir à se retrouver et se baigner.

De l’ombre sort parfois la lumière, et quand cette citerne grise et froide s’ouvre, c’est pour laisser apparaître un intérieur chaleureux, celui de la chambre de Neige, jeune adolescente aux cheveux longs et au tutu fringant, qui répète ses pas de danse sous l’œil exigent de sa mère.
Tout débute ici dans cette intimité, dans cette relation mère fille distendue où personne ne se comprend, et dans cette relation de la jeune fille à ses rêves et ses espoirs, à son monde intérieur tenu dans son journal intime. Dans ce début d’adolescence, Neige s’éprend de Chris, qui, lui, ne la considère guère. Pourtant un simple regard, un mot interprété sonne comme un espoir et une flamme continue pour Neige qui veut être une ado comme les autres, et regardée autrement que par la sévérité maternelle.
Cette forêt est plus qu’un refuge, c’est une clairière sur un avenir plus radieux : Neige décide d’y fuguer, Chris et Delphine, deux adolescents s’y retrouvent aussi pour découvrir la liberté de leur jeune âge et l’émancipation des interdits, un ermite y vit en refuge de la société pour fuir la violence de la vie quotidienne. C’est ici que Neige va se construire, se découvrir et partir à la recherche d’elle-même entre l’enfermement que lui impose sa mère et l’absence d’un père aimant mais peu engagé. C’est dans ce monde tamisé, que les loups et que les biches trouvent la paix, au propre comme au figuré.

Dans un texte très contemporain et en partie figuratif, Pauline Bureau écrit un récit initiatique sur les chemins de la construction personnelle où le quotidien contemporain côtoie la poésie et la tendresse du conte moderne. Malgré quelques lenteurs dans le récit, où l’enjeu des personnages et des situations n’est pas assez creusé, on s’attache à cet univers onirique et à une mise en scène d’un esthétisme rare.
Dès l’entrée, les intentions scénographiques sont posées par quelques empreintes animales sur le sol et quelques projections de lumière et d’ambiance sur les murs de la salle. Et ensuite la magie opère avec une succession de tableaux où le décor est inventif, les effets de lumières léchés, les effets visuels nous plongent dans une forêt peuplée d’animaux, et les vidéos projetées apportent beaucoup de grâce et de poésie dans l’histoire personnelle de Neige.
Par le truchement de ce théâtre d’images, nous ressortons émerveillés comme nous sommes touchés par cette quête et cette insouciance personnelles : cette petite part d’adolescent respire encore en nous et nos souvenirs viennent percuter cette réalité narrative. Derrière Neige qui a peur de grandir, de devenir adulte pour ne pas ressembler à cette mère étouffante, se cache chacun d’entre nous. De l’intime à l’universel, il n’y a qu’une forêt !

Librement inspiré de Blanche-Neige, « Neige » reprend certains codes du conte mais s’en détache avec inspiration et esthétisme, ne conservant que l’ambiance onirique à défaut d’être féerique. Quand Blanche-Neige vit une renaissance, Neige traverse une naissance en réussissant à s’affranchir des conventions sociales et maternelles pour aller découvrir au plus profond de soi l’adulte qui sommeillait dans l’enfant.

Neige 

Texte et mise en scène : Pauline Bureau
Avec Yann Burlot, Camille Garcia, Régis Laroche, Marie Nicolle, Anthony Roullier, Claire Toubin
Scénographie et accessoires : Emmanuelle Roy
Costumes : Alice Touvet
Composition musicale et sonore : Vincent Hulot
Dramaturgie : Benoîte Bureau
Magie et vidéo : Clément Debailleul
Lumières : Jean-Luc Chanonat
Perruques : Julie Poulain
Collaboratrice artistique : Valérie Nègre
Assistanat à la mise en scène : Léa Fouillet
Cheffe opératrice tournage subaquatique : Florence Levasseur
Production développement : Christelle Longequeue et Laura Gilles-Pick
Administration : Claire Dugot
Communication : Clara Haelters
Presse : agence ZEF – Isabelle Muraour
Construction décor : Atelier de La Comédie de Saint-Étienne

 Dates et lieux des représentations : 

- Du 1er au 22 décembre 2023 au Grand Théâtre ( 15 Rue Malte-Brun Paris 20e - métro Gambetta — sortie 3 Père-Lachaise - PARIS) 

-  Du jeu. 11/01/24 au ven. 12/01/24 - Le Bateau Feu - Dunkerque - Tel. +33 (0)3 28 51 40 40
-  Le 25/01/2024 - Le Cratère - Alès - Tel. +33 (0)4 66 52 52 64
-  Du lun. 05/02/24 au mar. 06/02/24 - Scène nationale 61 - Alençon- Tel. +33 (0)2 33 29 16 96
- Du jeu. 11/04/24 au ven. 12/04/24 - Espace des Arts - Chalon-sur-Saône - Tel. +33 (0)3 85 42 52 12
- Du mer. 17/04/24 au jeu. 18/04/24 - Théâtre de Cornouaille - Quimper - Tel. +33 (0)2 98 55 98 55

 


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