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Une semaine de lecture avec François Cheng, Max de Paz et Nathalie Rykiel

  • Écrit par : Serge Bressan

chengPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour une semaine. D’abord, on commence François Cheng, 94 ans, entre autres poète et membre de l’Académie française, qui nous offre un recueil de 99 quatrains ; on enchaîne avec Max de Paz, 21 ans, qui signe un premier roman aussi cru que vertigineux, et on boucle la semaine avec Nathalie Rykiel qui déroule ses souvenirs de famille en mots et photos… Bonne lecture !

FRANÇOIS CHENG : « Suite orphique »

A peine cent cinquante pages, et à chacune d’elles, un feu d’artifice, un émerveillement. A 94 ans, né à Nanchang (Chine), François Cheng- un patronyme qui signifie « qui embrasse l’unité »), occupe la place. A preuve, son nouveau recueil joliment titré Suite orphique- sous-titre sobre : « 99 quatrains ». Naturalisé français en 1971 et membre de l’Académie française depuis 2002, il déroule un CV magistral : essayiste, calligraphe, romancier, universitaire, traducteur et poète- ce qui lui fait affirmer : « L’éternité n’est pas de trop ». Grand passionné par la mythologie, Orphée, le taoïsme et le christianisme, entre pythagoriciens et mystères dionysiaques, il a rédigé ces dernières années des quatrains, en a retenu quatre-vingt-dix-neuf pour une « Suite orphique » en quatre mouvements (« Aux vivants et aux morts », « A la vie d’ici », Au Divin », « En créant au sein de la Voie »). Cent moins un quatrains à l’heure des comptes, c’est en quelque sorte un « geste testamentaire » que signe là François Cheng. D’emblée, il exhorte : « N’oublions pas nos morts ni notre propre mort »… Mais surtout, tout au long de cette « Suite orphique », mieux que quiconque, l’auteur célèbre l’amour et la vie. Parce qu’à jamais, il est le poète du vide et du plein…

Suite orphique
Auteur : François Cheng
Editions : Gallimard
162 pages
Prix : 17,50 €

Du même auteur:

« Une longue route pour m’unir au chant français » de François Cheng : souvenirs d’un passeur entre deux rives…

Enfin le royaume : François Cheng tout en quatrains…

 

la mancheMAX DE PAZ : « La manche »

Le nombre est cinglant : plus de 3 000 personnes dorment dehors à Paris. Un jeune étudiant de 21 ans, Max de Paz, a décidé, un jour, de ne plus les ignorer- celles et ceux qu’on appelle administrativement les « sans-abri » ou encore les « SDF ». Et, confronté à l’urgence, il a décidé d’écrire. « La manche », c’est son premier roman, c’est une claque littéraire dédiée « à Gilou, emporté par le froid le 14 février 2023, sur la place Flora-Tristan, à Paris » et ouverte par les mots de Primo Levi : « C’est cela, l’enfer… » Comme sur cette bouche d’aération du métro, dans le Vème arrondissement parisien, là où « ça pue un mélange de moteur et de renfermé »… Les protagonistes de « La manche » ? Le narrateur, la vingtaine ; Tamas, un Rom qui vit dehors avec sa famille et Moussa, un jeune Africain venu à Paris pour fuir le sable blond des plages italiennes, lui qui raffole des gaufres au chocolat… Il y a aussi Philippe, lui il lit des livres… Et aussi Elise, poétesse au crâne rasé… Au fil des pages, les joies, les peines- le quotidien avec tous ces passants qui les ignorent ou (pire ?) donnent une pièce pour avoir bonne conscience, pour « avoir son pauvre »… « La manche », c’est le froid, la faim, l'indifférence, la solitude. Un texte d’une vérité aussi crue que vertigineuse.

La manche
Auteur : Max de Paz
Editions : Gallimard
130 pages
Prix : 16 €

 

rykielNATHALIE RYKIEL : « Ce sera le bonheur »

Un aveu, une inquiétude : « J’ai très peur de perdre la mémoire. Si je ne sais plus qui sont les autres, ce qu’ils sont pour moi, je ne sais plus qui je suis. Je suis perdue ». Et aussi : « Je me méfie de mes souvenirs. Ils parfument ma mémoire c’est vrai, ils la confortent aussi mais parfois ils la contrarient ». Longtemps, Nathalie Rykiel a travaillé avec sa mère, la grande créatrice de mode Sonia Rykiel, puis en 2010 elle est passée à l’écriture avec « Tu seras une femme, ma fille ». On la retrouve, en cet hiver finissant, avec « Ce sera le bonheur ». Au fil des pages, elle nous raconte sa mère aînée d’une sororie de cinq et ses combats. Aussi ses quatre tantes- des femmes aussi indispensables que compliquées. On chemine aussi avec le père en permanence prêt à tout donner pour Sonia. Le petit frère Jean-Philippe, cause de tant d’attention paternelle parce qu’aveugle et devenu musicien de réputation internationale. D’une écriture aussi élégante que pétillante, Nathalie Rykiel (se) raconte- elle fait même, en mots ou en photos, à des témoins aussi inattendus qu’un fauteuil crapaud, un sac Kelly, une robe de chambre. Enfance, jeunesse et enfin aujourd’hui, cette liberté qui lui fait écrire : « D’avoir eu tout cela, quand je meurs, ce sera le bonheur »…

Ce sera le bonheur
Auteure : Nathalie Rykiel
Editions : JC Lattès
178 pages
Prix : 20 €

De la même auteure:

« Talisman à l’usage des mères et des filles » de Nathalie Rykiel : gloire à la mère-veille !

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