Logo

Jacqueline Auriol ou le ciel interrompu : une destinée humaine

AuriolDeux avis pour une même pièce, voilà ce que vous propose La Grande Parade !

Par Serge BressanLagrandeparade.fr / Entièrement recouverte d’un drap blanc, une silhouette. Vite, on sait que, là, dans ce qu’on imagine une chambre d’hôpital, sous le drap qui glisse lentement, il y a une femme. Elle parle. Elle raconte. Elle ne sait où elle est, si elle est vivante ou morte.

« Dites moi », répète-t-elle. Elle est défigurée, plus de nez, plus de lèvres… Et la mémoire lui revient : la veille, le 11 juillet 1949 en ce département qu’était alors la Seine-et-Oise, entre Les Mureaux et Meulan, l’hydravion dans lequel elle avait pris place avec trois autres personnes a plongé dans la Seine. Accident terrible. Jacqueline Auriol, alors âgée de 32 ans et belle-fille du président Vincent Auriol, sera emmenée à l’hôpital complètement défigurée avec pas moins de 124 fractures. Pendant deux ans, elle va subir vingt-deux interventions chirurgicales et greffes faciales, un chirurgien américain va lui scier le crâne en deux pour qu’il retrouve sa symétrie… Pendant ces deux années de souffrance et d’isolement, elle la passionnée d’aviation, la jeune femme sera toute tendue vers son objectif suprême : faire corps à nouveau avec le ciel. Lorsqu’ils viennent la voir avec leur grand-mère, ses deux fils lui demandent de jurer qu’elle ne remontera jamais dans un avion… En vain. Jacqueline Auriol deviendra la première femme pilote d’essai (« non pas pilote de ligne, je ne veux pas trimballer des touristes… »), battra de nombreux records et sera sacrée « femme la plus rapide du monde » (818 kms/h sur circuit fermé en 1951). Peu après son accident, « visage écrasé, gueule cassée », elle avait annoncé : « Une vie de tourments m’attend »...

Seule en scène, la comédienne Pierrette Dupoyet met en scène un texte qu’elle a écrit, tout habité par une « destinée humaine », un parcours de vie, la volonté, l’ambition, la ténacité et surtout la passion. Une passion qui bouscule tout… C’est artistiquement estimable, et elle s’en sort fort honorablement quand elle se glisse dans les habits et les blessures d’une « femme remarquable » comme le fut l’aviatrice Jacqueline Auriol. Mais on regrettera une musique trop présente et parfois trop forte, et un texte qui ne pointe pas assez le caractère universel d’espoir que peut couvrir le destin exceptionnel d’une femme comme Jacqueline Auriol. Ainsi, ces quelques faiblesses ne font de cette pièce qu’un bon spectacle. Sans plus…

 

Par Delphine Caudal - Lagrandeparade.fr/ Jacqueline Auriol, c’est le parcours d’une femme d’exception, que Pierrette Dupoyet illumine avec talent dans le sympathique théâtre de La Contrescarpe. C’est aussi le récit d’une star volante, d’une aviatrice au courage et à la détermination extraordinaires, qui a su surmonter la douleur et le regard d’autrui avec une admirable volonté. Défigurée et brisée psychologiquement à 32 ans, vouée à une passion à l’univers masculin, elle trouve cette indéfectible force pour se remettre au pilotage et s’envolera pour des records mondiaux. Quelle bravoure, et quelle énergie… L’histoire, tout simplement époustouflante, reste gravée dans les mémoires.

[bt_quote style="default" width="0"]Vivre pour voler, voler pour vivre.[/bt_quote]

Né en 1917, et formée aux beaux-arts, Jacqueline Auriol devient rapidement une fierté de la nation française. Mais le 11 juillet 1949, la tragédie la frappe de plein fouet : elle est victime d’un accident à bord d’un hydravion et s’avère être la plus gravement blessée. Suite à de multiples fractures, le nez arraché, et le visage est écrasé, elle reste deux années dans un hôpital pour y subir une vingtaine d’opérations. Période pendant laquelle elle souffrira de ne pas voir ses deux jeunes fils grandir.
Mais après deux années de frustrations, elle se remet au pilotage et accomplit des records de vitesse mondiaux, décrochant médailles et distinctions. C’est en effet, en 1963 qu’elle réalise l’exploit : 2038 km/h dans les airs. Epatant. Prodigieux.

[bt_quote style="default" width="0"]On a deux familles, celle de la Terre, et celle du Ciel.[/bt_quote]

On prend beaucoup de plaisir à accueillir la démonstration vivante de ces quelques morceaux de vie. On peut dire qu’on assiste à une véritable leçon de courage, poignante, captivante, grâce à un travail remarquable, hypnotique : les yeux ne peuvent quitter la scène tant l’interprétation est émouvante. L’artiste met la barre très haut : l’intensité des émotions est tout bonnement saisissante.
Le décor, la prestation de Pierrette Dupoyet, les effets sonores ainsi que la mise en scène témoignent d’un travail intelligent, mûrement réfléchi et d’une grande qualité. Le plaisir est au rendez-vous, invitant à la réflexion et peut-être au dépassement de soi…

Jacqueline Auriol ou le ciel interrompu de Pierrette Dupoyet

Mise en scène et interprétation : Pierrette Dupoyet
Durée : 1h10

Dates et lieux des représentations :
Les Dimanche 20 et 27 mai 2018, 15h au Théâtre de la Contrescarpe (5 Rue Blainville ,75 005 Paris)  - Tél. : 01 42 01 81 88 -  www.theatredelacontrescarpe.fr

- Du 6 au 29 juillet 2018, 17h45. Relâche le lundi au Festival d’Avignon OFF au Théâtre de la Luna (1 rue Séverine, 84 000 Avignon) - Tél. : 04 90 86 96 58 / 06 87 46 87 56 - www.theatre-laluna.fr

 

powered by social2s
Copyright © 2015 LAGRANDEPARADE – All rights reserved