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Mur Mur : le dictateur et la répliquante

  • Écrit par : Guillaume Chérel

mur Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Chaque année, plus de 200 000 femmes sont victimes de violence conjugale. Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Etonnez-vous après que "Mur Mur" soit un « spectacle Â» crispant ?! La pièce, jouée par deux personnages, commence dans l’obscurité. Une silhouette inquiétante s’insinue à la droite du plateau. C’est un clown (son nez en atteste), non pas triste mais effrayant, revêtu d’une sorte d’uniforme militaire grotesque, décoré de breloques, qui mime des mouvements saccadés, tout en allumant et éteignant une ampoule, au rythme d’une musique glaçante mais envoutante.
Le pantin désarticulé découvre une autre silhouette, blanche celle-là. Qui ressemble à une marionnette, voire un robot, ou à une poupée gonflable, tiens. Ce sera son jouet… sa femme, prête à l’emploi, ou presque, parce qu’il doit d’abord l’éduquer, la dresser, comme on débourre un cheval…jusqu’à ce qu’elle se blesse. Se casse comme un jouet, une jument, une pouliche, prête à mettre bas.
Le décor est réduit au strict minimum : 12 ampoules de 25 Watts, 1 tondeuse à gazon, 2 lapins, 1 lance-pierre, avec Michel Sardou en fond sonore. Elisabeth Andres et Pascal Roubaud sont les acteurs de cette sinistre fable. Nicolas Dewynter, l’auteur-metteur en scène, aborde la tragédie clownesque de la vie de couple sous l’angle de l’emprise, de la manipulation, de la maltraitance. ELLE est sa chose. Sa petite douceur naïve, chétive, au début, qu’il gâte et flatte en lui faisant des cadeaux, de plus en plus bizarres, histoire de la mettre à l’aise. Qu’elle s’ouvre à lui, comme une fleur à déflorer : de quoi se faire « belle Â», sexy : talons aiguilles, maquillage… Elle finira par être sa victime. LUI son bourreau. Tout peut basculer en une seconde. Ils parlent peu. Ils jouent la comédie du mariage. Des fois c’est drôle, notamment quand ELLE (Elisabeth Andres) démarre d’un coup sec pour arriver à marcher sur ses échasses. Mais c’est surtout angoissant, crispant oui, comme la musique techno, obsédante, qui revient en gimmick récurrent.
"Mur Mur" est un spectacle dérangeant qui mêle commedia dell’arte, dessin animé à la Tex Avery, mais aussi cinéma puisque les deux protagonistes font penser aux répliquants du film Blade Runner. Peut-on rire du pire ? Noir et rouge alors… car c’est sanglant, glaçant. La Compagnie du Oui aborde la violence faite aux femmes avec courage, puisqu’elle prend le risque de déplaire. Se regarder soi-même, parfois, ça fait réfléchir (n’avons-nous jamais abusé de notre force, messieurs ? N’avons-nous pas eu la faiblesse de pardonner, mesdames ?). N’est-ce pas un des rôles du théâtre ?

Mur Mur
Compagnie du Oui
Auteur et mise en scène : Nicolas Dewynter
Avec Elisabeth Andres et Pascal Roubaud

Dates et lieux des représentations: 
- Les 16 et 23 février 2018 à 21 h, le 10 mars 2018 à 17 h 30 à l’Auguste Théâtre ( 6, impasse Lamier – Paris 11°) Métro Père Lachaise ou Voltaire. Tel :  01 43 67 20 47
- Le 3 mars 2018 à l’Espace Culturel du Brionnais, à Chauffailles (71)
- Le 8 mars 2018 à l’Eclat de St-Vallier (71)


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