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La vedette du quartier : Riton ou les coulisses de la machine à rêves

la vedette du quartierPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Les intermittents du spectacle devraient apprécier le propos. Nous avions relaté ici la belle prestation, toute en finesse, de Riton Liebman, dans "Liebman Renégat", aux Métallos en mai dernier. Un spectacle en forme de one-man-show où il racontait son enfance, avec un père gauchiste, et brièvement comment il s’était retrouvé à faire du cinéma par hasard. Dans "La Vedette du quartier" le deuxième volet de sa trilogie autofictionnelle, Riton (oui c’est son prénom, pas question d’en changer, comme lui suggérait un prof de théâtre) développe ses débuts triomphants sur le Grand écran, puis la galère pour trouver des rôles aussi forts et prenants. Avec toujours autant d’humour (belge, bruxellois) et d’autodérision ! Mais pourquoi ce n’est plus lui qu’on choisit?! Puisque ça avait l’air si facile… Le ciné.

 

Sous-titré « Thérapie comique légèrement égocentrée », Riton se souvient qu’en 1977, à 13 ans, il est choisi pour tourner dans "Préparez vos mouchoirs", de Bertrand Blier, avec Patrick Dewaere et Gérard Depardieu, au grand désespoir de sa mère, qui s’inquiète de le voir arrêter ses études. La scène où il finit dans le lit de la belle Carole Laure (grand-mère aujourd’hui) fera de lui la « vedette du quartier », la « star du lycée ». Fort de cette miraculeuse notoriété, il quitte Bruxelles et s’installe à Paris, où il découvre les Bains Douches, l’alcool, les petits boulots, les castings et les cures de désintoxication. Depuis son lit d’ado, sur lequel il rêvait d’être Mike Jaegger, Riton évoque le Paris des années 80, avec verve et sans complaisance. Son amitié avec Charly et un certain Florian P… qui disait vouloir chanter. Les anecdotes sur Yves Boisset, Claudia Cardinal, Blier père et fils, Pagny, donc, sont attendues et bien rendues, mais l’intérêt n’est pas là. C’est quand il décrit sa souffrance, son errance, dans ce Paris des paillettes. C’est quand il pète un câble pour se faire remarquer par l’équipe du Splendid et les réalisateurs français… qu’il ne connait pas. Jean-Claude Brialy a beau essayer de lui parler, rien n’y fait. Quinze ans de psy, et de cures de désintoxication, l’ont aidé à avoir un regard lucide sur le jeune con qu’il a pu être, ayant la flemme d’apprendre les bases du métier. Puisqu’il avait commencé par le haut de l’affiche et les louanges, il ne pouvait que se casser la gueule. Et tomber de haut.

Avec "La Vedette du quartier", Riton Liebman nous raconte l’histoire d’un mec qui s’endort dans le jardin de Coluche, au point de prendre un énorme coup de soleil qui exaspère un « réal » (comme on dit dans le métier des « professionnels de la profession »), et dans le métro, après une nuit blanche, passée à écouter Gainsbourg jouer du piano, avachi sur une banquette pendant neuf heures ! C’est l’histoire d’un enfant perdu, à la mort de son père, dans un monde trop grand-méchant-sérieux pour lui, le déconneur. Au passage, il tacle un certain Richard B… connu pour être un sale c… dans le métier. Mais aussi Depardieu : « Il est sympa Depardieu ? », qui lui dit qu’il faut baiser, baiser, baiser la vie ! Sans oublier Patrick Dewaere qui savait l’écouter et jouer vraiment avec lui, même s’il le chambrait volontiers.

Comme "Liebman Renégat", lancé au Festival d’Avignon 2016, Riton a joué son nouveau spectacle au dernier Festival, avant de le présenter à Paris. Il est encore plus marrant, mais aussi émouvant car on sent qu’il a vraiment souffert, dans sa chambre de bonne, à jouer avec son frigo, puis quand il est devenu dépendant à l’alcool et à la drogue. Tout ça est terminé. Il peut enfin montrer toute l’étendue de son talent sur scène. La vidéo, qui sert à diffuser des extraits de films (dont un en russe !?) est parfaitement utilisée, puisqu’elle aide à remettre dans le contexte. Riton Liebman est devenu un clown triste. Ce qui, comme chacun sait caractérise tous les plus grands comiques.

La vedette du quartier

De et avec Riton Liebman, en collaboration artistique à la mise en scène de Jean-Michel Van den Eeyden

Dates et lieux des représentations: 

Du 23 au 28 janvier 2018 ( mardi, mercredi, vendredi → 20h / jeudi, samedi → 19h / dimanche → 16h) à La Maison des Métallos ( 94, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e - Réservation : 01 47 00 25 20 )

Durée : 1h10
A partir de 14 ans

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