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Un pays dans le ciel : une prestation intimiste sur les demandeurs d’asile – un bijou de création artistique

  • Écrit par : Imane Akalay

un pays dans le cielPar Imane Akalay – Lagrandeparade.fr / On s’attend à découvrir une pièce engagée et convenue sur le sujet très actuel des demandeurs d’asile, mais c’est beaucoup plus fin que ça. Le sujet est traité avec une rare justesse.

Sur scène, trois acteurs d’origines différentes endossent successivement, avec la plus grande fluidité, les rôles de demandeurs d’asile, d’officiers de protection chargés d’étudier leurs dossiers, et d’interprètes. Les cas se succèdent, les dossiers sont plus ou moins solides, les raisons qui ont amené les demandeurs à s’exiler sont souvent tragiques, parfois cocasses. Se présentent à l’OFPRA un togolais homosexuel, une macédonienne qui a fui son pays à la suite d’un viol, une jeune tchétchène dont le père de retour au pays s’est fait assassiner. Et les officiers de protection à qui incombe la lourde responsabilité d’accorder ou non le statut de réfugié politique, ont leur propre sensibilité aussi. Les rôles s’échangent, les genres et les couleurs de peau se fondent alors qu’Hélène Chevallier se glisse successivement dans la peau d’une fonctionnaire acariâtre, d’un musicien albanais à la recherche de son violon, d’une ancienne garde du corps ukrainienne, personnage repris par Florence richelieu qui est aussi officier de protection accorte et interprète togolaise laissant son jugement influencer son travail ; alors que Gustave Akakpo, tel un coryphée de théâtre antique, devient par intermittence Aiat Fayez, l’auteur de cette création.

Si le parti pris de distribuer les rôles en faisant abstraction du genre et des origines ethniques confère toute sa puissance à la mise en scène, les barrières s’effacent également entre la scène et l’audience. Dans cette configuration intimiste, les spectateurs deviennent demandeurs d’asile attendant leur tour dans le « bunker Â», employés de l’OFPRA discutant passionnément des dossiers de leurs protégés pendant leurs pauses cigarettes. On est happé, et la magie opère, et tout le monde est tout le monde. Un spectacle d’une grande justesse, qui interroge très directement notre rapport à l’altérité dans un monde où les destinées relèvent bien peu du mérite. Un spectacle remarquablement joué par les trois acteurs, avec une mention spéciale à Hélène Chevallier pour sa prestation d’une grande finesse.
Ayant partagé son enfance entre l’Iran et la France, puis ayant vécu, jeune adulte, les affres des démarches annuelles pour le renouvellement de la carte de séjour au début des années deux mille, époque de la montée du Front National et de la stigmatisation de l’étranger, Aiat Fayez se décrit comme « Ã©tranger en Iran et étranger en France. Partout étranger, et profondément désolé de l'être. Mais il faut peut-être avoir un problème avec la vie pour pouvoir écrire, et ce problème, je le tiens, je l'ai, c'est mon pharmakon, mon poison et mon médicament à la fois Â». « Un pays dans le ciel Â» s’appuie sur les témoignages recueillis suite à la résidence que l’auteur a mené à l’OFPRA en 2015. Le travail d’écriture s’est fait en collaboration avec le metteur en scène, Matthieu Roy.

NB : La scène Thélème est un lieu unique à Paris, à la fois théâtre et restaurant -- étoilé, s’il vous plaît ! Mais un étoilé sans en avoir l’air, avec ses airs de jolie cantine de quartier. Mais attention, la séparation des genres et respectée : afin que les plaisirs ne se cannibalisent pas, les espaces sont bien dissociés.

Un pays dans le ciel
Écriture : Aiat Fayez

Mise en scène par Matthieu Roy (Cie du Veilleur)
 Assistante à la mise en scène : Marion Conejero

Collaboration artistique : Johanna Silberstein

Costumes et accessoires : Noémie Edel

Distribution : Hélène Chevallier, Gustave Akakpo et Sophie Richelieu

Directrice des productions et tournées : Marie Lenoir

Administrateur : Olivier Allemand

Attaché de presse : Olivier Saksik
Production
 : La Cie du Veilleur, conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Nouvelle Aquitaine), la Région Nouvelle Aquitaine et la Ville de Poitiers.
Coproduction
Théâtre Jean Lurçat, scène nationale d’Aubusson, Théâtre de la Poudrerie à Sevran, Théâtre de Thouars. Ce projet bénéficie de l’aide au compagnonnage auteur de la DRAC Nouvelle Aquitaine. Avec le soutien du Fonds d’insertion de L’Estba financé par la Région Nouvelle-Aquitaine. Matthieu Roy est artiste associé à la Scène nationale de Saint-Quentin en Yvelines et à la Scène nationale d’Aubusson.

Dates et lieux des représentations: 

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Du 8 au 25 novembre 2017 Ã  19h (du mercredi au samedi) à la Scène Thélème ( 18 Rue Troyon, 75017 Paris) 

Du même metteur en scène: 

Days of nothing : le portrait pertinent d'un artiste en résidence scolaire signé Fabrice Melquiot et Matthieu Roy

 


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