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Doll is mine : une tragédie tokyoïte moderne tout en délicatesse

Doll is minePar Imane Akalay – Lagrandeparade.fr / La pièce déroule trois semaines de la vie d’une employée de « maison du sommeil » à Tokyo. Ce n’est pas une maison close, le règlement interdit d’ailleurs le sexe. C’est un lieu dont les usagers, tous hommes, viennent se reposer un moment, ou obtenir un maigre bonheur. Shiori égrenne son quotidien, raconte ses clients et ceux des autres employées de la maison. Son métier consiste à veiller sur le sommeil de ses clients.

Shiori raconte la solitude des hommes qui viennent chercher repos et compassion dans la maison du sommeil, décrit la misère morale et la brutalité des clients qui se livrent à elle – un chef d’entreprise licencié, un vieil homme suicidaire, des étudiants au désir sexuel inassouvi… Elle est une éponge. Elle est payée pour le don et la compassion. Elle raconte la dureté de son travail, l’interdiction de dormir alors qu’elle veille ses clients, les heures de veille qui s’égrènent par dizaines, l’assoupissement non maitrisé parfois, l’épuisement physique et moral. En reflet, sa propre solitude, son besoin d’amour et de chaleur humaine est d’abord évoqué avec pudeur puis, dans un monologue qui va crescendo, scandé avec la rage du désespoir.

Dans une construction tragique, la pièce condamne la dureté d’une société moderne où l’humain est un instrument de production, où la fragilité est honteuse, où l’épuisement au travail mène à la mort, et au-delà, l’inhumanité d’une société de solitude et d’indifférence où la compassion s’achète, où l’émoi amoureux est de courte durée.

L’actrice a un jeu tout en finesse qui monte en intensité au fil de la représentation. La musicalité de son élocution et la grâce de son mouvement ajoutent à la poésie du texte. La pièce est rythmée par l’alternance du récit de Shiori et des poèmes chantés en musique par une pianiste violoniste. La musicienne, assise sur le devant de la scène et tournée vers l’actrice, est tout à la fois protagoniste et première spectatrice de Shiori, tel que dans le théâtre Nô japonais, où le Waki relie le public et l’acteur qui joue le rôle principal.

[bt_quote style="default" width="0"]Tes yeux seraient une parole vaine, un cri retenu, un silence.[/bt_quote]

La mise en scène est épurée. La pièce se joue dans une cave voûtée dont le mur de pierre fait écho aux objets du décor - un banc/lit bas de bois usé, quelques vieux billots au sol, des pétales de fleurs blanche, fanées. Tout respire la désuétude et un environnement en déliquescence. Cela respire la mort, aussi.

Une pièce pour les amateurs de tragédies modernes et de poésie rock.

Doll is mine

TEXTE  : Katia Ippaso 
ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE : Arturo Armone Caruso 
traduction lauréate de l’aide à la création du Centre National du Théâtre en mai 2014 avec le soutien de Espace Marcel Carné, St. Michel-sur-Orge 
AVEC, SUR SCÈNE  : Azuki dans le rôle de Shiori , Maria Fausta Rizzo chant et musique 
MUSIQUE : Maria Fausta Rizzo 
LUMIÈRES : Andrea Abbatangelo 
DÉCORS : Lisa Armone Caruso 
COSTUMES : Marie France Argentino -neuf 

Dates et lieux des représentations: 
- Du 5 octobre - 12 novembre 2017 au Théâtre de Nesle ( 8 rue de Nesles, 75006 Paris les jeudi • vendredi • samedi • dimanche) 

Début de la représentation : 21 h 00 
durée : 1 heure 
RÉSERVATIONS & BILLETERIE : 
réservations par téléphone : 01 46 34 61 04 (Théâtre de Nesle) 

 

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