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Les Jumeaux vénitiens : jeux de double et de dupe

  • Écrit par : Christian Kazandjian

les jumeaux vénitiensPar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.fr/ Avec Les jumeaux vénitiens, Goldoni laisse éclater toute la verve et la verdeur de la commedia dell'arte. Et fait rire et réfléchir, tous les publics.

Des jumeaux, séparés à leur naissance, se retrouvent, sans jamais se croiser, à Vérone, afin d’y contracter mariage. L’un, Zanetto, est une sorte de crétin, pusillanime et naïf, l’autre, Tonino, une noble figure, langue acérée et fine lame. Goldoni use de ces dissemblances pour monter une comédie où quiproquos et loufoqueries s’enchaînent au rythme fou de la commedia dell'arte, cet art de tréteaux où la caricature des personnages n’exclut pas la finesse de l’analyse d’une société du XVIIIe siècle soumise à la double loi de la domination patriarcale et de l’argent (mais cela a-t-il totalement changé aujourd’hui ?). Les filles se plient à la volonté des pères de lier mariage avec des partis fortunés, les servantes se voient forcées d’épouser les valets des prétendants, dans le but de perpétuer l’emprise des maîtres sur la fortune et la servitude.
La pièce met en scène les principales figures de la société d’alors, dont les archétypes de personnages de serviteurs, héritiers du bon sens populaire, que sont Arlequin, Colombine et Brighella. "Les jumeaux vénitiens", de rebondissements en situations cocasses, renoue avec la tradition de la farce d’où ne sont pas exempts la tendresse - puisqu’il est beaucoup question d’amour – et même de drame. Cette pièce de cape (noire comme celle du machiavélique Pancrace) et d’épée (les jeunes coqs amoureux se défient à l’envi) entraîne le spectateur dans un tourbillon enivrant où les apartés offrent l’occasion de lâcher quelques mots crus qui font le bonheur du jeune public présent, et des plus grands : n’oublions pas que le théâtre d’un Goldoni, d’un Ruzzante avant lui, s’adressait au peuple de leur époque.
La mise en scène de Jean-Louis Benoit, le jeu des dix acteurs restituent l’ambiance énervée de la commedia dell'arte, où tout est démesure : situation, gestes, mimiques, propres à déclencher le rire. A centre du décor, dû à Jean Haas, de l’intérieur bourgeois, trône un miroir. L’objet en dédoublant l’image rappelle qu’il peut être trompeur, tout en donnant l’illusion de la réalité. Et renvoie l’homme à sa dualité : tantôt sot que l’on peut gruger, tantôt marionnettiste tirant les ficelles.

Les Jumeaux vénitiens de Goldoni

Adaptation et mise scène Jean-Louis Benoît
Avec Maxime d’Aboville – Olivier Sitruk – Victoire Bélézy
Philippe Berodot – Adrien Gamba-Gontard – Benjamin Jungers
Thibault Lacroix – Agnès Pontier – Luc Tremblais
Margaux Van Den Plas
Décors Jean Haas
Lumières Joël Hourbeigt
Costumes Frédéric Olivier
Collaboration artistique Laurent Delvert

Dates et lieux des représentations: 

- Jusqu’au 31 décembre 2017 au Théâtre Hébertot (78bis, bd des batignolles, 75017 Paris - www.theatrehebertot.com tél. : 01.43.87.23.23 ) 


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