Logo

Noce : Manuel du « clandestin » pour rentrer au banquet sans y être invité

NocePar Daniel Bresson - Lagrandeparade.fr/  En entrant dans la salle du Roi René, chapelle érigée au XVème siècle avec son plafond à caissons, on est tout d’abord plongé dans une atmosphère solennelle en observant les comédiens se préparer. La scène s’ouvre sur le monologue d’une petite fille, épiée par un groupe de deux hommes et deux femmes. On ne sait rien d’eux, sauf une seule chose : ils tentent de rentrer dans un mariage sans carton d’invitation.

Suite à l’incompréhension qu’ils manifestent face à leur exclusion, ils vont mettre au point une stratégie pour intégrer la fête à tout prix, pour avoir la chance de se faire bercer par l’air de « l’ Arc-en-ciel » de Nicole Croisille . Tout ceci évidement va dégénérer, tourner à la guerre de tranchées. Le spectateur est pris à parti, tantôt en empathie avec les refoulés, tantôt provoqué par les comédiens. La frontière entre fiction et réalité est fragile, comme nous le rappelle les « Mélanie, éteins la musique » qui rythment les différentes anecdotes. Le texte de Jean-Luc Lagarce est grinçant, percutant : la Noce va vite passer du rêve au cauchemar, l’espoir de passer une belle journée se délite au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire. Derrière ces personnages, c’est bien sûr le sort des exclus, des « mis de côté » qui est abordé, mais avec cette finesse qui empêche de tomber dans la caricature des bons et des méchants. Pierre Notte, le metteur en scène, précise que l’auteur écrit Noce comme Luis Buñuel filme Viridiana, « sans tomber dans le piège de la dénonciation moralisatrice ». Il propose là une mise en scène terriblement efficace, assisté par Amandine Sroussi qui joue également dans la pièce. La scénographie est percutante, en particulier dans le positionnement des comédiens, passant de la diagonale à la ligne en front de scène, du regroupement au centre du plateau à l’explosion du groupe pour permettre d’interpeller à chaque fois le spectateur. On ne peut nier l’énergie débordante des cinq comédiens. Le duo Bertrand Degremont- Grégory Barco fonctionne parfaitement, Amandine Sroussi campe un personnage au bord de l’hystérie, on est touché par la Femme jouée par Eve Herszfel et par la petite fille nerveuse proposée par Paola Valentin. Tout ceci sur une rythme effréné, jusqu’à la transformation de la scène en barricades ! Venez écouter avec plaisir ce magnifique texte d’un auteur tellement actuel !

Noce
COMPAGNIE DE LA PORTE AU TRÈFLE - 
COPRODUCTION : FLAMINGO PRODUCTIONS

Interprète(s) : Grégory Barco, Bertrand Degrémont, Eve Herszfeld, Amandine Sroussi, Paola Valentin
Metteur en scène : Pierre Notte
Créateur lumières : Aron Olah
Diffusion : Fabienne Rieser
Production : Marion Flament
Durée : 1h15


- Du 7 au 30 juillet 2017 au Théâtre du Roi René ( 4 bis, rue grivolas 84000 - Avignon ) à 19h45

- Du 6 au 29 juillet 2018 au Théâtre du Roi René ( 84000 Avignon ) à 20h05 - Festival Avignon Off 2018

powered by social2s
Copyright © 2015 LAGRANDEPARADE – All rights reserved