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Le déni d'Anna : une pièce émouvante et intelligente sur le deuil

Le déni Par Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ « L’heure est soudain venue pour moi de raconter le farouche refus du malheur qu’a emprisonné la mort de ma mère ». C’est par cette intention personnelle d’auteure qu’Isabelle Jeanbrau présente sa pièce. L’histoire d’une famille ordinaire, un père protecteur de ses deux jeunes enfants, bouleversés par le cancer de la mère. On suit son évolution de l’annonce de la maladie, la mort, la vie qui continue puis, vingt ans plus tard, la demande des enfants de récupérer l’urne funéraire de leur mère pour l’enterrer. Et ressusciter malgré eux des émotions et tensions enfouies.

Cette pièce composée de trois tableaux se distingue par la qualité de sa mise en scène : des éclairages soignés accompagnés par une ambiance musicale live (qui renforce les émotions), des scènes de transition muettes qui résonnent comme l’album photo d’une famille. Mais aussi par son jeu d’acteurs mêlant simplicité, violence, pudeur et retenue. On y découvre le père prévenant, protecteur mais psychorigide qui fait tout pour que ses enfants ne souffrent pas face à la violence de la vie comme pour se protéger lui-même. La brutalité de la grand-mère attristée qui ne comprend pas que des enfants dansent alors que leur mère se meurt à côté : un miroir cassé de l’innocence. Ou bien encore l’émotion des enfants, une fois adultes, essayant de se rappeler ce qu’ils faisaient ce jour-là et exprimant leurs regrets.
Personne n’est préparé et chacun réagit différemment. Que ce soit sur le moment ou quand les années ont passé alors que le deuil semble être fait. Chacun a ses propres barrières que la digue de l’émotion fissure petit à petit. On retrouve dans la continuité certaines obsessions pour évacuer son malheur : la nourriture ou le rangement, très présents dans l’action des acteurs, sont des moyens de combler un vide et de se sentir vivant. C’est un tragi-comique dans lequel le déni entraîne les personnages : la mort est parfois expurgée en joie ou rire par des adultes qui nient pour mieux éviter la douleur. Les émotions sont grinçantes, prenantes, parfois drôles, souvent tendres.
Dans cette famille où tout le monde se parle mais personne ne s’écoute, Anna la mère décédée est omniprésente : un beau symbole comme si l’absence était la plus forte des présences.

Le déni d’Anna
Auteur et metteur en scène : Isabelle Jeanbrau
  
Artistes : Benjamin Egner, Karine Huguenin ou Sandra Parra, Cécile Magnet, Matthias Guallarano, Thibaut Wacksmann, Daniel Jea, France Cartigny, Bertrand Noël, Maxime Aubry

- Jusqu'au 14 mai 2017 au Lucernaire ( 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris)

- DU 6 AU 29 JUILLET 2018 - RELÂCHES : 11, 18, 25 JUILLET - au Théâtre de l'entrepôt (1 TER BOULEVARD CHAMPFLEURY, 84000 - AVIGNON) à 17h15 - Festival Avignon OFF 2018

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