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Petit éloge de la nuit : Au commencement était la nuit

Pierre RichardPar Philippe Delhumeau - Lagrandeparade.fr/ Pierre Richard, l’astre du cinéma français, a marqué les générations depuis les années 70 et suivantes avec des rôles cultes dans Le Distrait, Le Grand blond avec une chaussure noire d’Yves Robert, Les Fugitifs de Francis Veber. Une filmographie aussi impressionnante que l’est l’homme éponyme. Sous sa gentillesse, son sempiternel sourire, sa tendresse affichée dans l’éclat du bleu de ses yeux, il incarne les Mille et une facettes de l’artiste bienheureux. Quel bonheur de le découvrir sur la scène de la salle Roland Topor au Théâtre du Rond-Point dans un seul-en-scène où le comédien fait jour de ses nuits.
Les nuits de Pierre Richard, des univers constellés d’une polyphonie de sensations vécues de l’intérieur.
Le texte d’Ingrid Astier, la révélation des désirs, une exploration de l’intime, une partition d’où s’échappent des notes de silence et de d’insouciance, des virgules existentielles où la fantaisie fait la rime à la poésie, des zones d’ombres perturbées par les tourments, des passions bercées d’amour et de rêves érotiques, des fantômes de peintres dont l’empreinte de la nuit s’est figée dans leurs toiles, des espaces ouverts sur des horizons visibles et invisibles, des arc-en-ciel zébrés d’éclairs et de ciels étoilés.
La mise en scène de Gérard Garutti, un abécédaire des disciplines du spectacle vivant. La danse, la musique, la vidéo accompagnent la déambulation nocturne de Pierre Richard qui marche en funambule sur le fil tendu du soir au matin.
Au début de la nuit, une ombre se détache du jour et prend vie quand celle des hommes bascule en mode sommeil. « Le rêve est l’aquarium de la nuit » dit Pierre Richard allongé sur la scène, les yeux rivés vers le drapé de soie noire qui absorbe ses pensées. La lune joue aux quatre coins avec le noctambule qui ruse pour l’apprivoiser. Une jeune femme, élégamment vêtue d’une longue robe légère, se détache de l’abysse d’encre et marche lentement vers l’inconnu. Sous l’horloge de la nuit, Pierre Richard s’assoit au bord de la scène, se met à l’écoute des battements du nocturne, explore les profondeurs d’un océan jamais révélées au jour à bord d’un bathyscaphe imaginaire. Le jour est un voleur de rêves surpris par les ténèbres qui l’enserrent pour libérer des fantasmes personnels. Le comédien se sent tout petit au milieu de l’immensité de la nuit qui l’étreint et l’invite à partager ses désirs et ses songes érotiques. L’humour baigne Petit éloge de la nuit, l’artiste joyeux se laisse emporter par une folie passagère mêlée de burlesque et de poésie. La vidéo projette un océan où Pierre Richard est installé dans un rêve balayé par les insolences du jour et libérées la nuit pour être consommées telle une gourmandise intemporelle.
La danseuse, Marie-Agnès Gillot, exhibe une chorégraphie où la fluidité des mouvements dessine une esquisse esthétique et voluptueuse. Pierre Richard passe du blanc au noir certains soirs si des angoisses troublent ses silences, si le subconscient réveille des douleurs intérieures, dès que les insomnies, tels des alcools puissants, lui font mal à la tête. Sa nuit cultive des libertés que le jour ne permet pas, l’invisible se joue du visible, la lune éclaire des errances, des échappées amoureuses et aventureuses.
Telles sont les nuits cosmiques de Pierre Richard, émouvant, drôle, égaré et tragique dans ce spectacle profond et sublime où la nuit l’accompagne comme une amante.

Petit éloge de la nuit
Texte : Ingrid Astier, publié aux éditions Gallimard
Adaptation libre et mise en scène : Gérald Garutti
Avec Pierre Richard
Danse : Marie-Agnès Gillot
Création musicale et sonore : Laurent Petitgand
Scénographie et lumières : Eric Soyer
Vidéo : Renaud Rubiano
Réalisation des films : Pierre-Henri Gibert, Pauline Maillet, Gérald Garutti
Costume : Joël Viala
Dramaturgie et assistanat à la réalisation : Zelda Bourquin
Collaborateurs artistiques : Païkan Garutti et Laurent Letrillard
Assistanat à la mise en scène : Raphaël Joly
Régie générale et plateau : François Pélaprat
Décor construit par les ateliers du Théâtre de l’Union : Alain Pinochet, Claude Durand

Dates et lieux des représentations:

- Jusqu’au 15 avril 2017 au Théâtre du Rond-Point ( 2bis avenue Franklin D. Roosevelt Paris 8e) - métro Franklin D. Roosevelt (lignes 1 et 9)
ou Champs-Élysées Clemenceau (lignes 1 et 13)

- Du jeu. 20/04/17 au ven. 21/04/17 au Théâtre du Jorat - Mézières

 

 

 

       
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