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9 : l'impossibilité d'un verdict

9Par Elodie Cabrera - Lagrandeparade.fr/ Neuf jurés sont réunis pour une longue nuit de délibération. Ensemble, à l'unanimité, ils doivent déterminer si oui ou non un jeune adolescent est coupable du crime dont on l'accuse. Une guillotine toise l'assistance. C'est un des rares éléments du décor. Hormis quelques tables et chaises qui encombrent cette salle encore vierge du tumulte dont elle va peu à peu se remplir jusqu'à l'étouffement.

Il y a ceux qui veulent vite en finir car ils ont un train à prendre ; ceux qui mesurent toute la gravité de leur charge. Il y a les partisans du « coupable », sans aucun doute. Les électeurs du « mais si c'étaient les parents à blâmer pour avoir élevé un délinquant ». Ou encore les phobiques de la responsabilité, incapables d'envoyer croupir en prison un garnement. Eux, chassent la moindre incohérence du dossier, quitte à déformer les faits. Les jurés ont beau être séquestrés, seuls et coupés du monde extérieur, la société, les peurs dont elle fourmille s'invitent dans leurs débats. Elles percent dans chacune de leurs répliques finement ciselées par l'auteur Stéphane Guérin, suintent à travers leurs préjugés, suffoquent dans leurs tentatives prosaïques pour pardonner le geste de cet enfant.
Voilà comment par un soir de tempête, quand l'orage gronde au dehors, une délibération des plus banales cristallise les tourments du monde et détricote l'évidence rongée par le doute raisonnable.
C'est là toute la force de cette pièce dont personne ne peut sortir indemne. Nos lois sans cœur, nos méandres judiciaires se heurtent à la sensibilité d'êtres singuliers, à leurs histoires personnelles souvent pleines de bleus à l'âme. Elles agissent comme un prisme qui entache, et heureusement humanise leur raisonnement. Car au début, les jurés ne sont que des numéros, des inconnus, des civils tirés au sort. Mais au fil de la pièce, au fur et à mesure que les joutes verbales aux accents sudistes, slaves, CSP+ ou terroir s'enchaînent, chacun se dénude, au propre comme au figuré, et dévoile ses intimes entailles. Et l'intime finit par rencontrer le collectif lors de cette confrontation brillamment mise en scène par Manex Fuchs et Georges Bigot. Une grande réussite pour cette talentueuse et inattendue troupe venue du Pays Basque, le Petit théâtre de Pain, dont les comédiens incarnent avec justesse et humour leurs personnages saillants, intransigeants et séduisants. Plus qu'un jugement, il s'agit d'une expérience citoyenne : accepter les divergences d'opinions, se mettre à la place de l'autre. Quand à notre verdict, il est sans appel. Une pièce tempêtueuse à voir absolument par les temps qui courent.

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Texte de Stéphane Guérin, par Le Petit Théâtre de Pain.

Mise en scène : Manex Fuchs et Georges Bigot.

Durée : 1h35 sans entracte.

Dates et lieux des représentations:

- Du 22/02 au 26/03 PARIS (75)
 au Théâtre 13 – Seine ( 30 rue du Chevaleret, 75013 PARIS
 - Métro : Bibliothèque François Mitterand ) / 20h00 (16h00 le dimanche) -relâche les lundis et le 14/03

 - Les 05 et 06/04 - PRIVAS (07)
- Théâtre de Privas / 19h30 le 05 et 14h et 19h30 le 06
- Le 07/04 - ST FONS (69)
 - Théâtre Jean Marais / 20h30
- Le 28/04 - LUNEL (34)
ATP de Lunel / Salle Georges Brassens / 20h30
- Le 29/04 - THEZAN LES BÉZIERS (34)
 - CC Avants-Monts / Salle L’instant T / 21h00
- Le 11/05 RUMILLY (74) - 
Quai des Arts / 20h30
- Les 12 et 13/05 - ANDÉZIEUX BOUTHÉON (42)
Théâtre du Parc / 20h

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