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Maison Mère de Phia Ménard : Athéna is back !

  • Écrit par : Julie Cadilhac

AthénaPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Elle est là, déjà fascinante dans sa tenue mi-punk mi-amazone. Être hybride dans lequel se mêlent inextricablement une puissance féminine contestataire non-dénuée de séduction et l’incarnation en chair et en os d’une urgence.

Singulière déesse civilisatrice, apportant le désordre et semblant agir de manière improvisée, et faisant montre tout à la fois paradoxalement de Raison, de Prudence, de Stratégie et de Sagesse. Phia Ménard est Athéna dans sa guépière à piques, son blouson de cuir, ses bottes et ses bas résilles aux atours destroy fascinants, genouillères, protège-poignets et scotch en bandoulière. Et elle a quelque chose aussi d’une wonderwoman avec ses yeux masqués de noir.
Elle nous invite à un immense jeu d’assemblage. Imaginez donc : Athéna a décidé de déplacer la Maison-Mère, de reconstruire le Parthénon ailleurs. Comme toujours dans les performances de l’artiste, les sens du spectateur sont sollicités. Si nos yeux ne peuvent se détacher de cette femme sculpturale qui monte à la force de ses solides épaules et poignets ce Parthénon de carton d’une taille impressionnante, notre ouïe est sollicitée sans cesse par un travail de bruitages pertinent et fort : les crochets qui percent le carton, le déroulement du scotch, des bruits dans le lointain d’un orage qui semble se préparer…tout gronde, vrombit, rage, tempête...et lorsque le déluge s'invitera, notre peau percevra l'humidité et les gouttes d'eau qui perlent.

Comme le dit Phia Ménard, pas un mot sur scène mais une dramaturgie qui se crée naturellement au fur et à mesure de la construction : le suspense ne cesse d’augmenter tant l’opération semble compliquée et périlleuse! On ressent un plaisir à la fois enfantin à voir s’édifier cette structure superbe ( car Phia Ménard mêle toujours au propos l’esthétique) et une inquiétude croissante : va-t-elle y arriver? Que c’est beau et fort de la voir jauger son travail encore inachevé et d’entendre ses voisins de tribune retenir leur souffle! Précision, prudence, anticipation. Et lorsque le Parthénon retombe sur ses fondations dans un fracas tonitruant, l’on n’est pas encore au bout de ses surprises! Assurément vous ne pouvez imaginer à quel point l’artiste pousse la ressemblance…il y a même un autel!
Et puis, tonnerre de Zeus, la pluie commence à tomber, réduisant bientôt à des ruines - telles qu’on les visite aujourd’hui - cet édifice qui a demandé tant de labeur et de sueur. Métaphore tragique de la vie qui doit sans cesse se reconstruire et se réinventer mais aussi et surtout d’une vision de l’Europe, celle que la Documenta 14 de Kassel a demandé à Phia Ménard de proposer : une Europe qui a choisi comme emblème le Parthénon, aujourd’hui monument en ruines que l’on visite et qui se doit d’être vu non pas comme une simple attraction touristique mais bien comme le symbole d’une civilisation ancienne - et moderne ! - porteuse de valeurs humaines à suivre.

Devant son chef d’oeuvre qui ploie sous la pluie diluvienne, la déesse demeure stoïque. La pluie est étonnamment lumineuse, presque éblouissante et fait briller le carton, rappelant cette Grèce se reposant aussi sous les oliviers lorsque la morsure du soleil est trop brûlante. Les bottes dans une flaque qui se métamorphose peu à peu en mer sombre, sur son radeau de cartons, Athéna observe les rigoles qui se forment sur les colonnades, les ronds dans l’eau et elle nous regarde, nous. Elle est belle et son silence a la force d’un langage universel. Bouleversante de justesse et d’implication, Phia Ménard offre une heure et demi d’émotions bouleversante. Frissons, estomac noué et larmes aux yeux. Parce que prise de conscience peut-être qu’une autre alternative est possible et rappel salvateur que la vie est un combat qu’il ne faut jamais cesser de mener avec courage. Parce qu'à chaque nouvelle proposition de cette artiste exceptionnelle, on est ému.e d'avoir la chance d'être là et de vivre cette expérience esthétique dont la conclusion est digne des plus grands caprices du mont Olympe.
Sur le plateau, l’eau a la puissance des noyades, si terriblement d’actualité, mais Athéna, de son regard déterminé, nous prouve qu’elle recommencera autant de fois que nécessaire. Athéna n’a pas dit son dernier mot; Phia Ménard non plus puisqu’elle poursuivra ce premier volet de deux autres pour un triptyque qui sera à n’en pas douter aussi remarquable que cette « Maison-Mère ».
Une performance d’une puissance sémantique et émotionnelle GIGANTESQUE. Et tout s'évanouit dans le brouillard...jusqu'au prochain rêve, jusqu'à la prochaine utopie.

Contes immoraux / Partie 1 – Maison Mère
Ecriture et dramaturgie : Phia Ménard et Jean-Luc Beaujault
Scénographie : Phia Ménard 
Interprétation : Phia Ménard
Composition sonore et régie son : Ivan Roussel
Régie plateau : Pierre Blanchet et Rodolphe Thibaud
Costumes et accessoires : Fabrice Ilia Leroy
Photographies : Jean-Luc Beaujault
Co-directrice, administratrice et chargée de diffusion : Claire Massonnet
Régisseur général : Olivier Gicquiaud
Chargée de production : Clarisse Merot
Chargé de communication : Adrien Poulard
Attachée à la diffusion : Anaïs Robert

Production : Compagnie Non Nova.
Coproduction : documenta 14 – Kassel et Le Carré, Scène nationale et Centre d’Art contemporain de Château-Gontier.

La présentation de la performance dans le cadre de la documenta 14 en juillet 2017 a été possible grâce au soutien de l’Institut Français et de la Ville de Nantes.

La Compagnie Non Nova est conventionnée et soutenue par l’État, Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire, la Ville de Nantes et le Conseil Régional des Pays de la Loire. Elle reçoit le soutien du Conseil Départemental de Loire-Atlantique, de l’Institut Français et de la Fondation BNP Paribas.

La Compagnie Non Nova est artiste associée à l’Espace Malraux Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, au Théâtre Nouvelle Génération - Centre Dramatique National de Lyon, au Théâtre National de Bretagne et artiste-compagnon au centre chorégraphique national de Caen en Normandie.

www.cienonnova.com

Durée : 1h30

Maisonmere C JeanLucBeaujault

Dates et lieux des représentations:
- Les Jeu. 05 & sam. 07 juillet 2018 à 18h à Studio Bagouet / Agora ( Boulevard Louis Blanc, Montpellier Danse)
- Les 15 et 17 novembre 2018 au Théâtre National de Bretagne, Rennes (35)
- Le 5 mars 2019 au Théâtre d’Orléans (45)



- Le 4 avril 2019 à Le Carré, Scène Nationale de Château-Gontier (53)
 - Les 13, 14, 16, 17, 18 Mai 2019 à Nanterre-Amandiers, Centre dramatique national (92)

- Du 22 août 2019 au 24 août 2019 - France - Festival La Route du Sirque, Le Sirque, Pôle National Cirque Nexon Nouvelle Aquitaine, Nexon 

- 22 septembre 2019 - Serbie - 53rd BITEF, Belgrade International Theatre Festival
- 27 septembre 2019- Italie - Contemporanea Festival, Teatro Fabbricone, Prato
- Du 02 octobre 2019 au 06 octobre 2019- Italie - Festival 10 Nodi, Teatro Massimo, Cagliari
- 05 novembre 2019- France - Festival Born to be a live, Le Manège de Reims, Scène nationale, Reims (51)

- Du 09 janvier 2020 au 10 janvier 2020- Hongrie - Le Trafó, House for Contemporary Arts, Budapest
- 15 janvier 2020- Belgique - Festival Smells like Circus, Théâtre Minard, Gent
- Du 24 février 2020 au 01 mars 2020- France - Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
- Du 06 mars 2020 au 08 mars 2020- Brésil - Festival MITS, Sao Paulo
- 28 mars 2020- France - Malraux scène nationale Chambéry Savoie, Chambéry (73)
- Du 07 avril 2020 au 08 avril 2020- France - Le Quartz, Scène nationale de Brest (29)
- 05 mai 2020- France - Théâtre des Quatre Saisons, Scène conventionnée musique(s), Gradignan (33)

A lire aussi, l'interview de Phia Ménard : Phia Ménard : Maison-Mère est "une pièce à suspense"

 

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