Logo

Grish-Mère : une passionnante quête d’identité, au cœur d’une Fantasy sociale et politique affirmée

Grish MerePar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.fr/ À Landor, on trouve la plus extraordinaire école de serviteurs de Civilisation. Les factotums qui en sortent savent tout faire : cuisiner, coudre, défoncer des crânes, manier la rhétorique... Entièrement dévoués au service de leur maître, endoctrinés par des années d’études, convaincus de leur supériorité, forgés à la dure et emplis d’un patriotisme absolu, ils sont les plus fidèles des servants.

Quand Sylve s’enfuit, c’est parce qu’il est accusé d’avoir trahi son seigneur. Le guerrier, qui a pêché par amour, veut racheter sa faute et laver son honneur. Pour cela, il fonce vers Grish-mère pour récupérer la précieuse statuette volée à cause de lui. Toutefois, il se retrouve à la merci de la puissante Guilde des Épiciers, et embarqué à son corps défendant dans des aventures qui le dépassent.

Grish-mère est le deuxième opus d’une série qui devrait comporter cinq volumes, se déroulant dans l’univers de Civilisation, chacun présentant une baronnie. Cependant, les romans sont parfaitement indépendants et peuvent donc se lire comme des one-shot.

L’univers est très bien construit, bourré de détails qui lui donnent une authenticité certaine. Les protagonistes sont certes très importants, mais la politique et les relations entre les baronnies également.

Le personnage principal, dont on épouse le point de vue, est d’abord un homme grossier dès qu’il se défait de son langage de factotum, un peu raciste, carrément misogyne, pour tout dire un lourdaud peu sympathique. Toutefois, il se retrouve dans des situations qui le dépassent et l’obligent à déconstruire ses convictions les plus affirmées. Les personnages secondaires sont parfaitement campés, de Thélban, le chef de Guilde à la personnalité complexe, à sa sœur Céleste, tout aussi riche, ou sa femme Constance, au caractère bien trempé.

L’intrigue politique qui sous-tend tout le roman est passionnante, tout comme la réflexion bien menée sur l’éducation et son influence sur les comportements, et sur la liberté individuelle.

Le thème du féminisme est intelligemment traité, et les réactions du mâle perdu dans une société où les femmes agissent comme le font les hommes est très juste. Sylve a du mal à admettre d’être regardé comme un morceau de viande, à se faire à une grammaire qui privilégie le féminin, bref, à se retrouver dans un monde où il subit ce que subissent les femmes dans toutes les autres !

Grish-mère est également un roman très divertissant, plein de péripéties, à la construction très élaborée : écrit du point de vue de Sylve, construit en puzzle avec des flashs-back, on découvre petit à petit les tenants et les aboutissements de la situation, ainsi que le background des personnages. Le style d’Isabelle Bauthian est fluide, fait d’une langue riche, avec un choix de vocabulaire très travaillé et immersif.

Roman de fantasy aux multiples rebondissements, au cœur de problématiques sociales et politiques, Grish-mère réussit le double challenge du divertissement et de l’intelligence !

Grish-Mère

Auteure : Isabelle Bauthian
Éditeur : ActuSF
Collection : Bad Wolf
Parution : 15 février 2018
Prix : 19 €

powered by social2s
Copyright © 2015 LAGRANDEPARADE – All rights reserved