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Le crime du comte Neville : « Quand crie la chouette ta pensée est juste. »

Le crime Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Une histoire courte, d’une simplicité déconcertante : un nouveau cru Nothomb qui frise l’excellence. Le roman débute avec la découverte nocturne, dans la forêt, d’une jeune fille transie de froid, par une voyante qui alerte le père, le comte de Neville. Cette pythonisse fait à celui-ci une prédiction pour la dernière réception qu’il organise en son château agonisant le 4 octobre prochain : "Lors de cette réception vous allez tuer un invité." Cette mauvaise augure va hanter et bouleverser le comte Neville, au point d’en perdre le sommeil et d’être très perturbé: "Même le sceptique le plus cartésien croit en son horoscope."
Le comte est un personnage quelque peu étrange, étonnant ; sa seule raison d’être consiste d’offrir à ses hôtes le meilleur accueil, une attentive bienveillance, les plus fins égards ; il séduit "pour l’unique plaisir de donner à l’autre l’impression qu’il mérite tant d’efforts. (Sa) séduction est une générosité." Le comte de Neville devenu « aimablement rondouillard », est le fruit d’une noblesse belge fière et orgueilleuse, dont le père « était simplement incapable de changer de vie, de ne pas tout sacrifier aux apparences, de ne pas recevoir fastueusement la Belgique noble une fois par mois, même s’il fallait crever de misère le reste du temps. » Neville n’échappe pas aux coutumes et règles d’une noblesse appauvrie, ruinée et résignée de vendre ses biens trop coûteux à entretenir, qui tombent en décrépitude. Neville a trois enfants aux prénoms curieux, Oreste, Electre et Sérieuse : « Modernes par leur naissance, ils avaient été élevés selon le mode ancien par des parents que leur milieu avait rendu aveugles à cette révolution. »
La prédiction pour ce 4 Octobre 2014 va-t-elle se réaliser…. ?
Certains diront que c’est vraiment très court pour un roman…mais mesure-t-on la qualité d’un ouvrage au nombre de pages ? D’autres diront que la régularité annuelle des publications nuit à la valeur littéraire ….pourtant le petit nouveau est un vrai nectar ! Avec le talent qu’on lui reconnait,  Amélie Nothomb nous invite dans le milieu de la noblesse belge désargentée et décadente qu’elle connait trop bien, caste trop fidèle aux apparences et au paraître. Avec beaucoup d’esprit, d’humour et d’excentricité, elle égratigne affectueusement, délicieusement et délicatement cette noble communauté, et comme écrit en quatrième de couverture, "Ce qui est monstrueux n’est pas forcément indigne."

Le crime du comte Neville

Auteur : Amélie Nothomb

Editions : Albin michel

« Quand crie la chouette ta pensée est juste. » (vieux dicton belge)

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