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Richard Morgiève : Les hommes, en marge de la loi

morgièvePar Serge Bressan -Lagrandeparade.fr / Et, en cet été à son crépuscule, voici un solide auteur tout-terrain… Sur son CV, on relève vingt-sept romans et trois pièces de théâtre ! Et il ne compte pas en rester là… Richard Morgiève est dans une forme olympique, question littérature. La preuve avec sa toute récente livraison, son vingt-huitième roman- un de ces livres furieusement enlevés, un roman tout simplement titré « Les hommes ».

Ça commence en 1974 avec Mietek qui rend visite à Robert-le-Mort : « J’ai poussé la porte comme j’ai pu, à cause du paquet que je portais. Il était couché, évidemment. On aurait dit un pneu crevé, un pneu tout blanc. Il n’y avait que moi qui venais le voir : il ne voulait pas qu’on se rende compte de ce qu’il était devenu. Il avait les yeux ouverts, mais il n’a pas bougé… » Avec « Les hommes » de Morgiève, on est plongé chez les petits voyous, ceux qu’on croisait en marge de la loi dans les années 1950-60 dans des films avec Jean Gabin ou Lino Ventura. Des petits gangsters qui roulent des mécaniques mais qui cachent si bien des griffures, des fêlures. 

« Depuis pas mal de temps, je me disais que c’était fini les hommes, que c’était vraiment une espèce en voie de disparition- ce qu’on appelait les hommes, c’était les derniers singes, confie Richard Morgiève. J’ai écrit une cinquantaine de pages- et ils sont venus les hommes de ma jeunesse et ma jeunesse avec ». Bon, on sait aussi que, dans ces histoires de petits gangsters, il y a toujours une fille, une femme- encore Morgiève : « Dans toutes les histoires d’hommes, il faut une fille- sans fille, pas d’homme ! » Voilà, et maintenant gros plan sur Mietek Breslauer, vingt-cinq ans. On l’a peut-être croisé au cinéma chez Jean-Pierre Melville, aux côtés de Ventura ou Delon. Un dernier samouraï, peut-être… Son mentor, Robert-le-Mort, il l’a connu en prison- confidence de Mietek : « Il voulait faire le bien, que j’aille donner son magot à celle qu’il avait aimée. Elle ne venait plus le voir, mais elle élevait leur gosse. Moi, j’allais sortir. Alors Robert m’avait donné l’adresse de sa planque. Je prenais cinq plaques et je livrais le reste. J’avais fait le boulot… »
On a la mémoire qui flanche mais qu’importe ! Mietek est sorti de prison depuis vingt-sept mois et quelques semaines, il veut s’en sortir, bricole dans le vol de bagnoles et le braquage… En marge de la loi, oui, mais est-ce qu’il peut se contenter, se satisfaire de cette vie de déshérence ? Il sait bien ce qu’il lui manque, ce qu’il lui faut… Et si c’était cette fille aux yeux de Chinoise qui, elle, ne l’aime pas mais lui donnera ce qu’il cherchait sans le savoir… Mietek croit à l’amour, même impossible. Au hasard de confidences et d’interviews, on apprend que « Les hommes » est un « roman vrai » et que le narrateur, « c’est vraiment moi, c’est pas un secret », glisse Richard Morgiève à qui l’idée de ce roman est venue en 1982 lors de l’enterrement d’un malfrat qui a compté dans la vie du romancier. Et c’est ainsi que, dans une contrée où l’on côtoierait José Giovanni, Albert Simonin ou encore Alphonse Boudard, on songe avec Richard Morgiève et les hommes encore et encore aux souvenirs heureux et aux coups du sort, aux filles qu’on a eues. Ou pas…

Les hommes
Auteur : Richard Morgièvre
Editions : Joëlle Loslfeld
Parution : 24 aout 2017
Prix : 22,50 €

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