Menu

La vie ne danse qu’un instant : Theresa Révay, entre Histoire et romance

  • Écrit par : Serge Bressan

Albin michelPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / A la toute fin du livre, une précision : « Ce roman n’existerait pas sans ces travaux d’historiens, de sociologues, de mémorialistes et d’écrivains. La mise en scène des personnalités ayant appartenu à l’Histoire reflète ces mémoires véridiques ». Voilà peut-être bien une des raisons de la richesse romanesque de « La vie ne danse qu’un instant » de Theresa Révay qui, pour l’occasion, a reçu le prix Simone Veil 2017. Fresque historique au long cours sur plus de 500 pages, le nouveau livre de l’écrivaine remarquée en 2008 pour « La Louve blanche » nous transporte dans le temps, en 1936. On y découvre Alice Clifford, reporter américaine tout terrain pour le « New York Herald Tribune ». On est à Rome, Benito Mussolini triomphe- il vient de conquérir l’Abyssinie. Dans le même temps, Alice entretient une liaison avec Don Umberto Ludovici, c’est un diplomate proche du pouvoir fasciste, il est marié et père de famille. Toutefois, l’amour n’aveugle pas la reporter : elle aime trop la liberté pour se laisser attraper par le mirage des dictatures.

Durant les dernières années 1930, la guerre menace. Dans l’antichambre du Vatican, ça virevolte de rumeurs et de conspirations ; à Madrid, le général Franco avance, soutenu par les Allemands ; à Berlin, le sang coule dans les rues- et là, Alice Clifford croise un journaliste allemand : une liaison qui va révéler les griffures de son passé. La reporter américaine est une femme moderne, elle est habitée de convictions qu’elle entend préserver, quel qu’en soit le prix. Mais elle oublie que la liberté a un prix- jusqu’où acceptera-t-elle d’avancer sans se renier ?
Traductrice reconnue de romans anglais et allemands, Theresa Révay excelle également dans le genre de la fresque historique. Une de ses forces : s’appuyer sur un solide et impressionnant travail de documentation. Elle sait également agencer une histoire, une intrigue tout en évitant les pièges du récit, style lourdeur, emphase, empilage de faits et événements… Certains ont voulu voir dans "La vie ne danse qu’un instant" une fresque parente de Cecil Saint Laurent et de sa série « Caroline Chérie » (premier recueil paru en 1947). D’autres, parlant d’Alice Clifford, voient une femme sortie de l’univers de Françoise Sagan ou du monde de Marguerite Duras. Pourquoi pas… Faudrait-il aussi y imaginer une Alice Clifford en femme fatale ?
On retiendra surtout le portrait d’une femme aussi passionnée qu’intrépide. Une femme aux yeux de laquelle « le suicide n’était ni entaché de lâcheté ni d’un quelconque péché envers un Dieu omniscient. La vie n’était pas nécessairement une chose admirable. Dans certains cas, il y avait même une certaine grandeur à y renoncer ». Et si entre Histoire et romance, dessinée par Theresa Révay d’une écriture aussi colorée que vive, Alice Clifford avait été simplement une femme pour qui, des palais de Rome à la corniche d’Alexandrie, des montagnes d’Éthiopie aux plaines de Castille, « le chaos ne change rien à l'essentiel » et « la vie ne danse qu’un instant » ?

La vie ne danse qu’un instant
Auteur : Theresa Révay
Editions : Albin Michel
Parution : 3 avril 2017
Prix : 22,90 €


À propos

Les Categories

Les bonus de Monsieur Loyal