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Au fond de l'eau : Paula Hawkins et la rivière des suicidées

HawkinsPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Bien sûr, il y eut ce tsunami littéraire en 2015 avec « La Fille du train ». Pas moins de 18 millions d’exemplaires vendus dans le monde, une adaptation ciné par les studios DreamWorks… et une belle fortune pour la Britannique Paula Hawkins, 44 ans, journaliste au « Financial Times » et qui avait publié, sous le pseudo d’Amy Silver, quatre bluettes (dont elle n’est pas vraiment fière aujourd’hui). Elle est de retour, toujours sous son nom, avec un deuxième roman, un thriller « psychologique domestique » : « Au fond de l’eau », et ce pourrait bien être, ce devrait être LE best-seller de l’été. A 44 ans, elle affirme lire les critiques, « certaines sont formidables et d'autres, beaucoup moins. Les lire est, à tout le moins, inconfortable. Mais, en même temps, je veux savoir ce que les gens disent et pensent de mon travail. Tout en sachant que ça pourrait faire mal, être bouleversant… » Elle dit aussi : « Les gens aiment lire des histoires de serial killers ou d’espions, malheureusement la plupart des menaces rencontrées dans la réalité sont d’ordre domestique. Ce qui m’intéresse, ce sont les fêlures qui surviennent dans des vies normales… » 

L’éditeur français interpelle le (futur) lecteur : « Pourrez-vous remonter à la surface ? » Oui, comment remonter à la surface, une fois lancé dans l’histoire ? Une histoire toute simple : une femme, Nel, a appelé sa sœur Julia qui a refusé de lui répondre. Une semaine plus tard, le corps de Nel est retrouvé sans vie dans la rivière qui serpente dans la petite ville de Beckford. Soudain, Julia est envahie par la frayeur de devoir retourner sur les lieux de son enfance. La peur la tenaille : va-t-elle pouvoir affronter le soi-disant suicide de sa sœur ? va-t-elle accepter de s’occuper de Lena, sa nièce de 15 ans, qu’elle ne connaît pas ? va-t-elle oser se colleter avec un passé qu’elle s’est toujours appliqué à éviter, à fuir ? Et puis, il y a cette rivière. Celle qu’on appelle « la rivière aux suicidées »- comme il y a, au Japon, la « forêt des suicidés »…
« J’avais déjà réfléchi depuis longtemps à cette histoire de sœurs, Julia et Nel, qui ne se sont plus parlé pendant des années, explique Paula Hawkins. Et je voulais que l’intrigue se déroule non loin d’une rivière inquiétante, où l’on noyait les femmes condamnées pour sorcellerie, pour créer une atmosphère sombre, gothique, qui fiche la frousse ». La romancière dédie son nouveau roman « à tous les fauteurs de trouble » et l’a placé sous le haut patronage d’Emily Perry (« Mieux vaut laisser sombrer certaines choses. D’autres non, mais lesquelles ? Les avis divergent ») et du neurologue et écrivain Oliver Sachs (« Les souvenirs sont transformés, désassemblés, réassemblés et recatégorisés par chaque acte de remémorisation »). Pas moins de onze protagonistes vont se succéder, se croiser au hasard des pages d’Au fond de l’eau. D’emblée, la lecture demande un minimum de concentration, au risque de se perdre dans les méandres et lacets de la rivière. Les premières passées, on est immanquablement happé par l’art et la manière de Paula Hawkins qui assure ne pas être la JK Rowling (NDLR : la créatrice de la saga « Harry Potter ») du thriller psychologique !
Bien sûr, et c’est une évidence, avec « Au fond de l’eau », Paula Hawkins n’a rien inventé dans le genre du thriller- elle a des liens de parentèle littéraire avec Michael Conelly ou encore Stieg Larsson, l’auteur de la saga « Millenium ». Mais elle y ajoute une touche, une patte follement personnelle. Chez Hawkins, il y a une certaine atmosphère, une folle lenteur- deux touches qu’elle assume pleinement. L’intrigue est tout aussi sobre que glaçante, les personnages sont joliment dessinés… Et puis, il y a ces trois femmes, Nel, Julia, Lena. Trois femmes en quête d’elles-mêmes. Toutes habitées, habillées par des fêlures. Inéluctablement, on s’enfonce au fond de l’eau. Oui, pourra-t-on vraiment remonter à la surface ?...

Au fond de l’eau
Auteur : Paula Hawkins
Editions : Sonatine
Parution : 8 juin
Prix : 22 euros

Paula Hawkins et la rivière des suicidées
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