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Domina de L.S. Hilton : art et sexe à Venise

HiltonPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / L’an passé, ce fut une vague. Le monde des livres était submergé par le « mummy porn »- en français, le « porno pour maman » ou encore « le porno pour la ménagère de 50 ans ». Ainsi, quatre ans après les cinquante nuances de Grey d’E.L. James, une Britannique ayant tout juste passé la quarantaine proposait « Maestra », premier volet d’une trilogie et, selon son éditeur français, « le thriller le plus scandaleusement original que vous lirez cette année ». En cette fin de printemps, L.S. Hilton est de retour- avec le deuxième tome de sa trilogie. Cette fois, c’est « Domina »- et on retrouve l’héroïne Judith Rashleigh, jeune femme diplômée et talentueuse, à Venise après l’avoir quittée sur la Côte d’Azur. « La suite des aventures de Judith devait avoir lieu à Venise, confie l’auteure, parce que cet endroit lui ressemble. Judith est à la fois légère et attachée à la vérité, elle rêve de gloire, mais souhaite échapper à son identité ».

Premières phrases du prologue : « Je mourais d’envie d’en finir, mais je me suis forcée à y aller lentement. J’ai fermé les volets des trois fenêtres, ouvert une bouteille de gavi pour en servir deux verres, et allumé les bougies. Un rituel familier, identifiable, rassurant. Il a posé son sac, enlevé sa veste et l’a pendue au dossier d’une chaise sans me quitter des yeux »… Deux pages plus loin, toujours Judith : « Toute nue, je suis allée jusqu’au dressing chercher un paquet de feuilles Rizla dans un tiroir, en prenant soin d’activer au passage le brouilleur de wifi. Plus de mises à jour en temps réel pour lui. J’ai ajouté de l’eau froide et un filet d’huile d’amande douce… » Installée à Venise la sérénissime, Judith tient une galerie d’art et, sous le nom d’Elisabeth Teerlinc, mène grande vie. Elle est toujours aussi calculatrice. Et dans le luxe, elle se baigne avec délectation. Enfin, nous dirait-elle. Mais il y a aussi la solitude et on sait, par expérience et surtout dans les livres, que le passé inévitablement ressurgit un jour, toujours. Une personne connaît ses méfaits, les crimes du passé, va tenter de la faire chanter, lui demander de retrouver un tableau mythique- c’est le prix du silence. Problème : Judith n’est pas la seule à la recherche dudit tableau. Vite, elle comprend qu’elle est manipulée mais ne peut rien y faire. Pis : si elle ne retrouve pas le tableau, elle ne finira pas vivante dans cette histoire.

On l’aura compris, si L.S. Hilton avait déroulé ainsi son intrigue, ce ne serait rien de plus qu’un thriller ordinaire. De ces polars qu’on trouve au kilomètre sur les linéaires des librairies… Mais l’auteure britannique qui revendique son intérêt tant pour Marcel Proust que pour le couturier Marc Jacobs est une des stars du « mummy porn ». Donc, comme par obligation, dans « Domina » comme elle le fit dans « Maestra », au noir elle mêle le rose. Ce qui donne un roman furieusement cru- qui flirte sans cesse avec le goût de l’interdit, du scandale mais qui, en fait, ne bouscule pas les lois du genre avec son théâtre de « beautiful people » et des passages qui sentent vaguement la sulfure- un ami s’adresse à Judith : « Il y avait un couple, hétéro, un mec et une nana. Des touristes français. Quelqu’un les avait repérés dans la ville et les avait amenés à la villa- pour des rapports.
-Des rapports ?
-Sexuels. Devant tout le monde. Ils ont fait l’amour devant nous. Elle, elle avait l’air de prendre son pied, mais on voyait que le mec était triste, même s’ils étaient payés. Et nous, on a regardé »…
L’an prochain, l’universitaire de formation qu’est L.S. Hilton sortira l’ultime volet de son triptyque. Mais déjà, la télévision s’est emparée de l’histoire- l’adaptation est en cours avec, prévus, six/ huit épisodes. En noir et rose, le « mummy porn » a encore de beaux jours. Surtout avec Judith, beauté vénéneuse tout droit sortie des films noirs hollywoodiens.

Domina
Auteur : L.S. Hilton
Editions : La Bête Noire / Robert Laffont
Parution : 18 mai 2017
Prix : 18,90 euros

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