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Dimitri Bortnikov : un Russe à Paris…

StyxPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Un roman de 800 pages écrit directement en français par un romancier russe. Il y a de l’étourdissement. De l’éblouissement. Et des éléments de discours de la méthode, aussi : « Ce livre représente huit ans de travail. Le brouillon du texte fait 3 000 pages ! Chez un ami peintre, je me suis immergé dedans, j'ai imprimé tout et collé les 3 000 pages de manuscrit aux murs de l'atelier. Je me suis posté au centre de la pièce, juché sur une chaise, avec une longue-vue, et j'ai scruté les pages une à une ». Né en 1968 à Samara (au bord de la Volga, à 860 kms au sud-est de Moscou et à proximité de la frontière avec le Kazakhstan), installé à Paris depuis les premières années 2000, Dimitri Bortnikov dit aussi : « J'ai même dormi dans la pièce, avec mon propre texte. Quand tu es dans ton texte- et surtout dans cet état, tu sens véritablement ton livre, et là il prend forme. Il naît. Ça a duré deux semaines... » L’éditeur a reçu deux boites à chaussures, au total 1 500 pages d’un texte de rage et de lyrisme, un manuscrit qui sera ramené à 800 pages et qui donne « Face au Styx ». Tenu pour l’un des meilleurs auteurs russes contemporains, Bortnikov a acquis la nationalité française en 2012. « Face au Styx » est le deuxième roman qu’il écrit directement en français…

Dans ce texte-fleuve aussi enveloppant que furieux, il y a un jeune Russe. Il vit à Paris, s’y promène, y déambule, y rencontre des personnes « hallucinées »- ce qui déclenche chez lui une remontée de souvenirs de son enfance russe, ce qui l’aide également à supporter (un peu mieux) les affres de l’exil. Ce sont des allers-retours entre les deux rives du Styx, entre une ville natale près des steppes de l’Asie centrale et ce Paris où il a choisi de vivre. Ce sont aujourd’hui à Paris quelques vieilles marquises, un écrivain réputé, un clochard chanteur des rues à la voix de basse, un apparatchik millionnaire ; hier dans la ville natale pépé Jo le grand-père qui a fait trois guerres, Babanya la trisaïeule aveugle qui l’a élevé, son ami « le gibbeux » qui s’est suicidé par amour… Avec Bortnikov, « Face au Styx » c’est drôle, c’est tragique- avec une écriture folle et galopante, tel un ouragan « à déraciner, comme disent les Russes, les dents du dragon ». « Face au Styx », c’est du Louis-Ferdinand Céline revu et corrigé par Frédéric Dard !

Face au Styx
Auteur : Dimityri Bortnikov
Editions : Rivages
Parution : 4 janvier 2017
Prix : 21 euros

 

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