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Romans noirs : une sélection éclectique de quatre polars pour terminer l’hiver

polars selectionPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Dans les années 60-70, la mode était aux polars écrits par des ex-voyous, comme Edward Bunker (« Aucune bête aussi féroce », Editions Rivages), des soixanthuitards, tels J.P. Manchette, J.B. Pouy, en France, ou James Crumley, aux Etats-Unis, et / ou aux alcooliques, dans la grande tradition des détectives affirmés comme D. Hammet et R. Chandler, créateurs du personnage de détective Hard Boilde (durs à cuire) ; ou Robin Cook, anglo-français qui sévissait dans l’Aveyron. Aujourd’hui, la tendance est aux auteurs de polars qui viennent de la police, comme Jean-Marc Souvira, auteur des Sirènes noires (Fleuve Noir Ed.). On retrouve ce phénomène à la télévision, et dans le cinéma. Hugues Pagan, auteur de l’excellent "L’étage des Morts" (Rivages, 2009), fut le précurseur de ces ex-flics devenus auteurs, comme Olivier Marchal, le plus connu puisqu’il est également acteur.

 

Né à Oran en 1954, Jean-Marc Souvira est flic depuis vingt-cinq ans. Commissaire divisionnaire, il a dirigé l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains, puis l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière. Il est aujourd’hui basé à Rabat (Maroc), au sein de la Direction de la Coopération internationale. Outre sa carrière dans la police, il est aussi l’auteur du scénario du film "Go Fastet", de deux romans noirs remarqués,"Le Magicien" et "Le Vent t’emportera"(tous deux parus au Fleuve), qui mettent en scène, entre autres, un personnage récurrent, Ludovic Mistral, et son équipe de la brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres. Trois histoires s’entremêlent dans ce thriller, où le héros, le commissaire Ludovic Mistral, va devoir lutter sur plusieurs fronts : des meurtres d’albinos inexplicables, un réseau de prostitution international et un tueur insaisissable. 
Alors que des cadavres découpés sont retrouvés dans des squats de La Goutte d’or, Mistral et son équipe enquêtent sur un domaine qui les laisse perplexes et sceptiques. En effet, à l’exception d’Ingrid Sainte-Rose, flic d’origine haïtienne, qui mesure d’instinct la gravité des faits, ils vont devoir dépasser leur système d’analyse et de pensées habituel pour appréhender une vérité autre.
 La crainte et la soumission allant de pair avec ce genre de croyances, ladite magie sert aussi à manipuler de jeunes Africaines ramenées de leurs villages pour « être coiffeuses » à Barbès et qui sont livrées à l’enfer de la prostitution dans l’une des rues les plus sordides de la capitale. En parallèle, Mistral cherche à boucler une autre affaire : l’arrestation d’un tueur surnommé « le violeur des parkings ». Mais à cause de la maladresse d’un de ses hommes, Morin, l’assassin parvient à fausser compagnie aux policiers lors de la perquisition à son domicile. Une faute grave qui place Mistral dans le collimateur de l’IGS. Et comme si cela ne suffisait pas, les viols de femmes recommencent dans Paris… Pire : le fugitif a comme avocat Cyrille Dumont, un ancien commissaire de police radié à la suite de l’affaire du « Magicien » (cf. le premier roman de Jean-Marc Souvira). Et Dumont n’a qu’une idée en tête : se venger de Mistral…
Dans un autre genre, le Québécois Patrick Senécal publie "Le vide", un thriller inspiré des dérives d’une société en mal de sensationnel, fascinée par les célébrités et le spectacle télévisuel. Né à Drummondville, au Québec donc, en 1967, il a enseigné la littérature et le cinéma et participé à l'écriture de scénarios et à la réalisation de courts-métrages. Très inspiré par Stephen King à ses débuts, il a ouvert une voie à part dans le monde du roman noir américain, avec un style singulier et original qui se joue des règles. Il s'est ainsi acquis un public fidèle au Canada, où ses livres sont des best-sellers et ont connu de nombreuses adaptations cinématographiques. Un succès couronné en France du Prix Masterton du meilleur roman fantastique pour "Sur le seuil", et du Prix Boréal du meilleur roman pour "Aliss". Le pitch : « Vivre au max », c'est le nom de l'émission de télé-réalité de Max Lavoie. Psychologue, il exerce sa profession dans la ville de Saint-Bruno. Maxime Lavoie. Il a trente-sept ans, est célibataire, idéaliste... et il est milliardaire. Il y a deux ans, il a quitté ses fonctions de président de Lavoie inc. pour devenir le producteur et l'animateur de Vivre au Max, l'émission de télé-réalité la plus controversée de l'heure... mais aussi la plus populaire.Le milliardaire quitte tout pour se lancer dans son projet. La première saison a défrayé la chronique, choqué les âmes sensibles et s'est attiré les foudres de la commission de censure. En proposant de réaliser en direct les rêves les plus fous des participants, Max a frappé un grand coup. La saison 2 débute et promet encore plus de sensations fortes à un public ébahi. Tout semble possible, sans limites. Alors qu'est-ce que les participants vont demander au présentateur philanthrope ? Quel fantasme délirant ? Quel ultime grand frisson ? Attention mesdames et messieurs, ici on repousse les limites au maximum. Plus longue sera la chute... dans le vide. C’est là qu’intervient Pierre Sauvé. À l'orée de la quarantaine, veuf, père d'une fille de vingt ans. Sergent-détective à la police municipale de Drummondville, il enquête sur un quadruple meurtre qui a toutes les apparences d'un crime passionnel. Autre personnage du polar, Frédéric Ferland. Début de la cinquantaine, divorcé, père de deux adultes qu'il ne voit guère, il cherche depuis des années l'excitation ultime, celle qui donnera un sens à son existence et à la vie en général, qu'il a toujours trouvée terne.Trois hommes différents, trois existences que tout sépare. Or, contre toute attente, leurs chemins se croiseront bientôt et leur vie en sera bouleversée à jamais. Tout comme celle de milliers de gens... tout comme la vôtre ! Ta taa tin !!!
Les livres écrits à deux auteurs, quatre mains, sont devenus rares. Mons Kallentoft et Markus Lutteman, nés respectivement en 1968 et 1973, sont tous deux journalistes et écrivains suédois. Le premier s'est fait connaître en France grâce à la série des « Saisons », romans policiers mettant en scène l'enquêtrice Malin Fors. Le second est l'auteur de six ouvrages, non encore traduits en français - notamment "El Choco"(2007), qui évoque l'histoire de Jonas Andersson, un Suédois emprisonné en Bolivie pour trafic de drogue. "Zack", publié en Série Noire (Gallimard) constitue leur première collaboration mais il y en aura d’autres puisqu’il est question de tome 1. Quatre Thaïlandaises travaillant dans un salon de massage de Stockholm sont brutalement assassinées.Tout laisse à penser que leur activité ne se limitait pas aux soins du corps « traditionnels », et que leur exécution a pour but de faire passer un message…Guerre entre gangs de motards et mafia turque pour le monopole de la prostitution ? Acte isolé d’un maniaque sexuel ou d’un dément xénophobe ? À vingt-sept ans, Zack Herry est le plus jeune membre d’une Unité spéciale de la police de Stockholm, récemment constituée pour se charger des affaires les plus difficiles. Il s’impose très tôt comme le meilleur enquêteur mais c’est aussi un  junkie. Il fréquente les boîtes de nuit interlopes, a pour meilleur ami, Abdula, un dealer délinquant rencontré lorsqu’ils étaient gamins – dans la banlieue où ils ont appris ce que « lutter pour vivre » signifiait…. Ils ont grandi ensemble dans un quartier difficile, sont devenus indispensables l'un à l'autre pour survivre au milieu des hyènes. Mais il redoute l'instant où une enquête pourrait le mettre en face d'Abdula...En proie à ses addictions et ses excès en tous genres, dus à des failles intimes (il reste hanté par le meurtre sauvage et non élucidé de sa mère – elle-même policière – lorsqu’il était enfant), il s’est occupé seul de son père amoindri et rendu amer par une grave maladie. Zack est pourtant bien décidé à résoudre cette énigme. Quitte à faire cavalier seul. Mais alors que les massacres se poursuivent, Zack le « loup solitaire » s’aperçoit qu’il risque d’être confronté à bien plus féroce que lui. Ces assassinats sont-ils un message d'un gang à un autre ? Un crime xénophobe ? Un pervers ? Zack et ses collègues devront fouiner chez les pervers sexuels, dans les milieux nationalistes, les clubs de motards ou les mafias étrangères pour tenter de discerner un sens à cette barbarie. La pression s'accentue avec de nouveaux massacres.
Passons à l’écrivain britannique John Harvey. Après avoir été enseignant au lycée, puis à l’Université de Nottingham jusqu’en 1986, John Harvey vit de son écriture. Il a fondé puis dirigé (1977-1999) une petite maison d'édition Slow Dancer Press qui est spécialisée dans la poésie. Après avoir commencé sa carrière d’écrivain en publiant des pulps (des policiers et beaucoup de westerns), il lance écrit en 1989 un roman mettant en scène un policier d’origine polonaise du commissariat de Nottingham du nom de Charles Resnick. C’est le début de la célébrité. Sous divers pseudonymes (John McLaglen, William S. Brady, JD Sandon, LJ Coburn, JB Dancer, WM james, Thom Ryder, Jon Hart, Jon Barton), John Harvey a écrit plus de 90 romans et de nombreux poèmes. On lui doit de multiples scénarios pour la télévision et la radio. En France, il est essentiellement connu pour sa série de polars avec l'inspecteur Charlie Resnick.
Dans "Ténèbres, ténèbres" (Rivages / Thriller), cette douzième et ultime aventure de Charlie Resnick, personnage emblématique qui a conquis un large public sur deux décennies, John Harvey se confronte à un événement majeur de l'histoire sociale de la Grande-Bretagne : la grève des mineurs de 1984, qui a déchiré la Grande-Bretagne. Epoque « Dame de fer », Margaret Tatcher… La découverte du cadavre d'une femme qui avait disparu pendant la grève remet l'inspecteur Charlie Resnick en scène et l'amène à se confronter à son passé de jeune flic. Trente ans plus tôt, Resnick était en première ligne en tant que policier chargé de la surveillance des grévistes. Déjà, à l'époque, son sens moral avait été mis à mal par les méthodes employées contre les mineurs. Aujourd'hui, c'est un homme âgé et il se souvient... Une dernière fois, le vieil inspecteur mène l’enquête. Autant policière que personnelle. Un retour aux sources qui est aussi un cri de colère. Passionné de jazz, l’auteur a su insuffler à cette histoire des notes de Thelonious Monk.

- Les sirènes noires, de Jean-Marc Souvira, 448 p, 19, 90 euros, Fleuve Noir 

- Le Vide, de Patrick Senécal, 736 p, 20 euros, Fleuve Noir 

- Zack, Tome 1, de Mons Kallentoft et Markus Lutteman, traduit du suédois par Frédéric Fourreau, 447 p, 20 euros, Gallimard Série Noire 

- Ténèbres, Ténèbres, de John Harvey, traduit de l’anglais pas Karine Lalechère, 336 p, 22 euros, Editions Rivages / Thriller.

 
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