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Stasi Child : un thriller prometteur au goût explosif et au style vif

Stasi ChildPar Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ Meurtre, RDA, 1975: trois ingrédients de ce thriller qui suffisent à en donner le ton. Ajoutez-y l'hiver, une ou deux volvos, une odeur ambiante de fumée de charbon dans les rues, et mélangez le tout pour un dépaysement assuré. Imaginez le goût explosif de ce cocktail rare sous la main habile quoique débutante du romancier David Young. Le style est vif et efficace, l'atmosphère customisée à souhait, aussi se croit-on vite parachuté dans les années soixante-dix à Berlin-Est, avec vue sur les vitrines du capitalisme indécent et de l'ennemi fasciste en face: c'est que l'héroïne, Karin Müller est une farouche patriote hostile au mode de vie décadent qui caractérise l'autre Allemagne, celle qui est dans l'erreur et addicte à tous les vices, et où elle consentira à faire une incursion modérée sur ordre de la Stasi pour ramener un indice-clé du pays des soies et autres luxueux objets de consommation qu'elle ne saurait voir. Voilà pour le décor, et voici pour l'intrigue: au pied du mur, ce lieutenant enquête sur l'assassinat sordide d'une ado qui semblait tenter de quitter l'Ouest pour l'Est. Déjà cherchez l'erreur d'orientation: du jamais vu à la Kripo. En plus les baskets de la fugueuse sont chaussés à l'envers et le sang qui la couvre est animal. Là, avouez, vous commencez à sentir le froid baltique couler dans votre nuque de lecteur. Son enquête mène notre héroïne sur des pistes qui débordent aussi son périmètre pépère d'action au sein de la police criminelle locale, et recoupent celle que prirent par le passé des adolescentes détenues sur la côte dans un centre de redressement. Constamment prise entre deux feux, Karin Müller négocie un périlleux équilibre, avec à ses basques, des agents planqués en fourgonnette, un mari trop sage pour être patriote, et un ténébreux adjoint avec lequel on attend péniblement qu'elle entame enfin une liaison glamour en pattes d'éph. ramenées de leur mission à l'Ouest et immortalisée par le selfie béat d'un polaroïd soviétique. A suivre, puisque ce premier roman inaugure une série.

Stasi Child
Auteur: David Young
Editeur: Fleuves
Traductrice: Françoise Smith
Parution: 13 octobre 2016
Prix: 20,90 euros

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