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Tanizaki Jun’ichirô : « Louange de l’ombre » ou les jeux du clair-obscur

picquierPar Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Il faut »maîtriser l’ombre et la lumière » car « ce qui brille trop fort ne procure pas l’apaisement de l’esprit. » Cet essai de Tanizaki date de 1933, il nous enseigne les principes et les bases de l’esthétique japonaise par le truchement, le jeu de l’ombre et de la lumière, le clair-obscur.

« Telle est notre façon de penser : la beauté ne réside pas dans les objets mais dans le jeu d’ombres qui se crée entre les objets, dans le clair-obscur. […] Il n’y a point de beauté loin d’une disposition d’ombres. » Un message très d’actualité pour une société moderne enivrée de lumière, qui sombre (le verbe n’est pas adapté) dans une gabegie d’éclairage inutile, polluant les nuitées et masquant les étoiles. Tanizaki évoque toutes les facettes du quotidien, la nourriture, les objets et ustensiles, le maquillage de la femme », nos ancêtres ont considéré les femmes comme des laques parsemés de poudre d’or ou de nacre, inséparables de l’ombre, et les ont plongées autant que faire se peut dans le noir, les ont recouvertes de long vêtements à longues manches, d’où seule dépassait la tête distinguée du reste. »
Surprenantes sont les pages consacrées aux lieu d’aisance : "Nos ancêtres, qui savaient rendre tout de façon poétique, ont créé un lieu raffiné, ont su enrober d’un imaginaire nostalgique l’endroit supposé le plus insalubre de la maison, le lier aux fleurs, aux oiseaux, au vent et à la lune." Il faut "faire son besoin chaque matin comme une volupté, voire une jouissance physiologique." Tanizaki "entre en méditation" dans ce lieu conçu pour la paix de l’âme." 
Un essai d’une grande poésie, délicat et d’un raffinement hors du commun.

Louange de l’ombre
Auteur : TANIZAKI Jun’ichirô
Traduction : traduit du japonais par Ryoko Sekiguchi et Patrick honoré
Editions : Philippe Picquier
Prix: 13€
Parution: Janvier 2017

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